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lundi7juil.2025
vendredi11juil.2025
L’utilisation des méthodes empiriques dans une recherche en droit
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Colloque

L’utilisation des méthodes empiriques dans une recherche en droit


Présentation

 

Ce projet d’université d’été résulte d’une réflexion théorique menée collectivement depuis plusieurs années sur les méthodes et l’usage des données empiriques en droit. Cette réflexion a déjà fait l’objet d’un séminaire organisé en octobre 2021 à l’Université libre de Bruxelles ainsi qu’un colloque qui s’est tenu dans cette même ville les 8 et 9 décembre 2022. Par ailleurs, un ouvrage collectif co-dirigé par Ariane Amado et Armand Desprairies sur cette thématique est en cours de rédaction et donnera lieu à une publication chez Droit et société en juin 2025.

Cette réflexion part du constat d’un décalage, entre d’une part, l’appel (l’injonction ?) au recours plus fréquent des données empiriques ainsi qu’à l’ouverture disciplinaire du fait notamment d’un fléchage des financements aux projets pluridisciplinaires ou interdisciplinaires et, d’autre part, de l’absence de formation aux méthodes de recherche en sciences sociales dites empiriques durant les études juridiques. À défaut, les juristes s’inscrivent par conséquent principalement dans une logique disciplinaire, voire d’hyperspécialisation de leur savoir. Pourtant, de nombreuses thématiques de recherche demandent aujourd’hui à savoir créer ces ponts entre disciplines, que ce soit par exemple le genre, l’environnement, le postcolonialisme ou encore la bioéthique.

Ce paradoxe interroge particulièrement eu égard aux universités d’autres pays dont certaines ont recours plus communément à ces méthodes empiriques. Il en va par exemple ainsi des facultés de droit étasuniennes ou anglaises dans lesquelles le courant des Empirical Legal Research s’est véritablement imposé.

Compte tenu de cette problématique, de l’accessibilité de plus en plus forte des données publiques consécutivement au plan d’action national pour l’open-data, ainsi que de la diversification de leurs matériaux de recherche par des juristes mettant à distance une approche positiviste centrée sur l’étude des textes et de la jurisprudence des cours suprêmes, la pertinence et le potentiel développement du recours aux méthodes qualitatives et quantitatives dans la recherche en droit doivent être interrogées. En effet, les données empiriques présentent a priori des outils prometteurs pour mieux cerner la réalité du phénomène juridique ou du « champ juridique » relevant de l’ordre étatique mais aussi les vécus et imaginaires juridiques.

Toutefois, la mobilisation de ces outils empiriques se heurte à des obstacles chez les juristes du fait de leur positionnement épistémologique, de leur « habitus disciplinaire », de leur manque de formation à la matière mais surtout leur croyance en une spécificité « dogmatique » du droit. Dès lors, ces méthodes de sciences sociales ne sont pas prises au sérieux ou se caractérisent par des bricolages dans leur déploiement, à défaut de formation initiale.

L’université d’été poursuit ainsi une double ambition : dispenser des ateliers autour de méthodes de sciences sociales appliquées à la discipline du droit ; permettre une discussion entre chercheur·es en droit sur l’influence de ces méthodes dans le cadre de la démonstration juridique. Cette université d’été s’adresse principalement à des doctorant.es en droit mais aussi à des enseignant-chercheur.es titulaires souhaitant mobiliser les méthodes qualitatives et quantitatives des sciences sociales dans leurs travaux.

A l’instar de l’ouvrage, l’université d’été est donc l’occasion d’analyser les éventuelles spécificités de la méthodologie juridique dans le recueil des données empiriques, tout en donnant une base nécessaire aux juristes pour assimiler pleinement les méthodes empiriques pratiquées par les autres sciences sociales. Cela permettra de s’interroger sur la conciliation des recherches en droit utilisant des données quantitatives et qualitatives avec le modèle logico-formaliste enseigné dans les facultés de droit en France.

L’organisation de cette université d’été poursuit aussi l’objectif de continuer à dynamiser le réseau naissant sur les approches empiriques, pour l’instant concentré sur les méthodes quantitatives. Elle est donc pensée en interaction avec les initiatives portées par d’autres collègues en France, notamment identifié·es lors du colloque à Bruxelles, et a pour ambition de donner naissance à une série de webinaires entre deux sessions.

Pour la réalisation de cette première université d’été, sont invité.es comme intervenant·es des chercheur·es en droit pratiquant régulièrement la collecte de matériaux empiriques dans le cadre de leur recherche ainsi que des chercheur·es d’autres sciences sociales. Chaque jour sera organisée une séance plénière en matinée puis, l’après-midi, des ateliers centrés sur les travaux en cours et visant à partager les pratiques ainsi que les faciliter par l’utilisation de différents logiciels grâce à l’accompagnement d’ingénieur.es du projet UGA-GATES (Grenoble ATtractiveness and ExcellenceS). Ces temps d’échanges permettront par ailleurs d’encourager la réflexion sur l’impact de la mobilisation de ces méthodes sur une recherche en droit : le positionnement des juristes par rapport à leurs terrains, le caractère heuristique de telles données pour la recherche en droit, l’usage de ces résultats dans une démonstration juridique, ou encore la dimension située des savoirs seront par exemple interrogés dans ce cadre. En soirée, des espaces de partage de retours d’expériences croisés seront ouverts, autant sur les différentes recherches menées que par rapport à l’accès aux carrières académiques.

Afin d’en faciliter l’organisation, cette université d’été se déroulera au Village vacances de l’Escandille à Autrans, du lundi 7 juillet en fin d’après-midi au vendredi 11 juillet 2025 après le déjeuner.

 

Programme

 

Lundi 7 Juillet 2025

 

17h00 : Accueil des participant·es

18h00 : Propos introductifs
présentations croisées des participant·es

20h00 : Fin

 

Mardi 8 Juillet 2025

 

9h00 : Conférence introductive : Qu’est-ce qu’une recherche en droit ?
Clotilde Aubry de Maromont, Maîtresse de conférences en droit privé, Membre du Centre de Recherche Juridique, Université de La Réunion. En délégation CNRS au laboratoire Droit & Changement Social, Nantes Université 2023-2025
Frédéric Audren, Directeur de recherche au CNRS-LIER FYT (EHESS)
Olivier Leclerc, Directeur de recherche au CNRS, Directeur du Centre de Théorie et Analyse du Droit (ENS/Université Paris Nanterre)

 

12h00 : Pause déjeuner

 

14h00 : Elaborer des projets de recherche empirique sur le droit et la justice : échanges à partir de retours d’expériences de l’Institut des Etudes et de la Recherche sur le Droit et la Justice (IERDJ)
Isabelle Sayn, Directrice de recherche au CNRS, Directrice adjointe scientifique de l’IERDJ

15h30 : Pause

 

16h00 : Conférence plénière : Recherches juridiques et Science ouverte
Lucie Albaret, Direction des services d'appui à la recherche et à la science ouverte Bibliothèque - Appui pour la Science Ouverte - Université Grenoble Alpes (BAPSO)

 

Mercredi 9 Juillet 2025

 

9h00 : Conférence plénière : Envisager les méthodes qualitatives pour une recherche en droit ? Expériences croisées en sciences sociales
Oriane Sulpice, Maitresse de conférences en droit public, Université Lumière Lyon 2
Ariane Amado, Chargée de recherches au CNRS-CHJ, Université de Lille

11h00 : Ateliers pratiques : Etude collective de corpus de données issues d’entretiens
Chercheur.es facilitateurs

 

13h00 : Pause déjeuner

 

14h30 : Atelier pratique : étudier le raisonnement juridique des magistrat.es par l’ethnométhodologie. Cas pratique à partir d’affaires de violences sexuelles et intrafamiliales
Oona Le Meur, Docteure en sciences juridiques en cotutelle de l’Université Libre de Bruxelles et Sciences Po Paris ; Post-doctorante dans le cadre de l’ANR Violet Ginger sur les violences conjugales dans les marges du genre et de la sexualité, Université de Lille

17h30 : Fin

 

Soirée

Table ronde : S’engager dans une carrière académique après une thèse mobilisant des données empiriques

 

Jeudi 10 Juillet 2025

 

9h00 : Conférence plénière : Envisager les méthodes quantitatives pour une recherche en droit ? La jurimétrie, mesure des phénomènes juridiques
Armand Desprairies, Maître de conférences en droit public, Université de Reims Champagne-Ardennes, CRDT
Christophe Quézel-Ambrunaz, Professeur de droit privé, Université Savoie Mont Blanc, Centre de recherche en Droit Antoine Favre
Vincent Rivollier, Maître de conférences en droit privé, Université Savoie Mont Blanc, Centre de recherche en Droit Antoine Favre

11h00 : Ateliers pratiques : Etude collective de corpus de données quantitatives
Chercheur·es facilitateurs

 

13h00 : Pause déjeuner

 

15h00 : Ateliers de présentation des travaux de recherche : partage des pratiques, état des besoins et accompagnement en ingénierie
Max Beligné, Ingénieur en traitement et analyse des données, Plateforme Universitaire de Données Grenoble Alpes (PUD-GA)
Louis Maritaud, PhD, Ingénieur des données, projet GATES, GRICAD, Université Grenoble Alpes
Laura Vigé, Ingénieure des données, projet GATES, GRICAD, Université Grenoble Alpes

18h00 : Fin

 

Soirée

Table ronde : Quelle(s) méthode(s) pour ma recherche ?

 

Vendredi 11 Juillet 2025

 

9h00 : Préparer ses candidatures (CNU/CNRS) et des réponses à appels à projet (ANR/ERC…)

10h30 : Rédiger un cadre méthodologique (thèse, appel à projet)

12h00 : Clôture

 

 

Contact : univ.droit.empirique@gmail.com


Université d'été organisée par SciencesPo Grenoble, l'UGA, le CERDAP2, le CNRS, le CHJ et l'Université de Reims Champagne-Ardenne sous la direction scientifique d' Ariane Amado, Bénédicte Fischer et Armand Desprairies



Centre de l'Escadrille
931 Route de la Sure
38880 Autrans Méaudre en Vercors