Droit et espaces carcéraux. La prison au prisme du Law and Geography

Appel à contribution

Droit et espaces carcéraux. La prison au prisme du Law and Geography

Revue Droit & Ville, Printemps 2027

Date limite le lundi 15 déc. 2025

Au 1er juillet 2025, 84 951 personnes étaient incarcérées en France pour 62 570 places. Ce phénomène de surpopulation concerne de nombreux pays francophones (aussi bien la Belgique que la Côte d’Ivoire par exemple). Pour répondre au phénomène de la surpopulation carcérale la construction de nouvelles prisons est souvent devenue une priorité des politiques publiques, oubliant un peu vite les politiques de déflation carcérale qui fonctionnent ailleurs en Europe. Cette politique de planification immobilière pose deux questions : où construire et comment construire les nouveaux établissements pénitentiaires ? La prison se situe entre deux pôles qui sont constitutifs : la privation de liberté (régime juridique) et l’enfermement (régime géographique). C’est l’administration, l’organisation, les représentations de l’espace, les usages de l’espace (les spatialités), qui relient ces deux pôles.

 

Si les sciences humaines ont largement investi la question des dimensions spatiales de la prison, l’analyse juridique, quant à elle, demeure encore marginale. Pourtant, l’espace carcéral, en tant qu’il institue une discontinuité à la fois normative et spatiale, ne peut être pleinement appréhendé sans une lecture globale de ses configurations et de ses usages. Cet appel s’inscrit dans le courant Law and Geography, qui conçoit le droit et l’espace comme co-constitutifs. Il invite à penser la prison comme un espace façonné par le droit, mais aussi comme un cadre qui structure l’application, l’interprétation et l’effectivité des normes. Les contributions attendues s’inscriront dans une perspective critique, territorialisée et sensible aux mutations contemporaines de l’enfermement.

 

Les propositions pourront mobiliser le droit positif (urbanisme, environnement, service public, pénal, libertés, contrats publics), ou adopter une approche théorique, méthodologique, empirique ou critique sur les relations entre droit et espace carcéral. Une attention particulière sera portée aux contributions interrogeant ces interactions et croisant les approches juridiques avec d'autres disciplines : sociologie, géographie, philosophie, science politique, histoire, architecture.

 

L’objectif est de favoriser une réflexion collective et interdisciplinaire sur la spatialisation du droit à l’épreuve de l’enfermement, en croisant les approches empiriques et conceptuelles pour mieux comprendre les logiques de production, d’organisation et de transformation des espaces carcéraux contemporains. La revue sera très attentive à ce que les textes proposés soient parfaitement lisibles autant par des juristes que par des géographes et autres spécialistes de sciences sociales.

 

Les contributions attendues pourront porter sur les suggestions suivantes :

  • Urbanisme carcéral et territorialisation de la peine
  • Enjeux environnementaux de la construction carcérale
  • Privatisation et transformation des formes de l’enfermement
  • « Outre-mer », colonialité et spatialités carcérales : le maintien de « l’exception » ?
  • Genre, droit et géographie de l’enfermement
  • Différenciation interne et géographie carcérale
  • Modulation des espaces et mutations contemporaines de l’enfermement
  • Contentieux et spatialité carcérale
  • Représentations, récits et imaginaires spatiaux de la prison

 

Pour plus de précisions sur l’orientation scientifique de l’AAC, nous renvoyons les autrices et auteurs à la description détaillée jointe à cet appel.

Les propositions (3500 signes maximum, espaces compris) sont à envoyer avant le 15 décembre 2025 à l’adresse suivante : droit.espacescarceraux@gmail.com. Le document doit préciser le titre de la communication et le nom de l’autrice ou de l’auteur. Les contributions retenues devront être remises en avril 2026 et seront publiées, après double relecture, dans la Revue Droit & Ville au printemps 2027. Un colloque de restitution est prévu au cours de l’année 2027.