Delphine Apostolska, Le séparatisme dans les États démocratiques : étude d'un projet constitutionnel, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas présidée par Anne-Laure Vaurs-Chaumette, membres du jury : Leila Lankarani El-Zein (Rapp.), Wanda Mastor (Rapp.), Élisabeth Zoller
Depuis le début du XXIe, plusieurs grandes démocraties réputées stables et abouties connaissent des phénomènes séparatistes, par lesquels des groupes œuvrent à décentraliser politiquement leurs territoires. Qu’ils aient abandonné les armes ou qu’ils soient nés d’un projet pacifique, ils se distinguent des mouvements séparatistes du XXe siècle par leur institutionnalisation. Au Québec, en Catalogne, en Ecosse, en Flandres, en Corse et ailleurs, ces mouvements se sont installés au pouvoir par des voies légales et démocratiques, remettant en cause la souveraineté des Etats centraux tout en participant à leur vie politique et institutionnelle. L’indépendance, dans ce contexte, ne semble plus nécessairement recherchée. Ce faisant, les séparatismes institutionnalisés la manière dont le droit public appréhende la question de la réunion politique : alors qu’ils ne relèvent plus du droit international et que le droit européen peine à donner du corps à leur revendication, on les voit porter de véritables projets constitutionnels séparatistes, qui stimulent la réflexion sur le droit constitutionnel lui-même.
Jaime Buenahora Febres-Cordero, Le processus de paix colombien et ses implications constitutionnelles, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas présidée par Renaud Bourget, membres du jury : Fabrice Hourquebie (Rapp.), Nicolas Haupais (Rapp.), Luis-Miguel Gutiérrez Ramírez
Le processus de paix signé en Colombie entre les Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie - Armée du Peuple (FARC-EP) et le gouvernement de Juan Manuel Santos en 2016 représente une expérience récente et renouvelée de justice transitionnelle, basée sur un ensemble de mesures politiques et judiciaires autour de six points : une réforme rurale globale pour démocratiser la terre ; une ouverture politique pour promouvoir le pluralisme ; la fin du conflit, qui impliquait que le groupe rebelle dépose les armes et retourne à la vie civile ; la solution au problème des drogues illicites ; la justification des victimes du conflit, à travers un système de vérité, de justice, de réparation et de non-répétition qui comprenait une juridiction spéciale pour la paix ; enfin, l'élaboration, la vérification et l'approbation de ce qui a été convenu. Tout ce qui précède a exigé de profondes adaptations constitutionnelles et juridiques, dont l'analyse identifie une bonne partie de ce travail. L'évolution du droit à la paix dans le contexte international et l'histoire du pays ont été des apports fondamentaux pour mieux comprendre la complexité des négociations et évaluer ce qui a été réalisé. Sans aucun doute, le processus de paix colombien, malgré ses vicissitudes, sera une référence obligatoire pour d'autres peuples qui, sur la base de la justice transitionnelle, entendent surmonter leurs conflits internes.
Romain Leatham, L’action extérieure oblique des collectivités territoriales : contribution à une théorie juridique sur leurs rapports internationaux et européens, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas présidée par Jean-Marie Pontier, membres du jury : Pierre-Yves Chicot (Rapp.), Frédérique Coulée (Rapp.), Géraldine Giraudeau et Élisabeth Zoller
Si l’étude de l’activité externe des collectivités territoriales s’est longtemps cantonnée à l’observation des rapports que ces dernières pouvaient établir avec leurs homologues étrangères via la coopération décentralisée et l’action extérieure des collectivités territoriales, il doit être remarqué que les entités locales militent de plus en plus pour un droit à pouvoir coopérer avec les unités étrangères alors incarnées par les États, les Organisations internationales et, plus largement, les ordres juridiques externes. Comme si la coopération avec leurs seules homologues était devenue inefficace pour répondre à la multiplicité et à la complexification des enjeux imposés par le Nouveau Monde, les collectivités territoriales cherchent progressivement à bâtir à leur profit une sorte de droit international par lequel elles seraient à même d’avoir pour interlocuteurs les sujets de droit international. Loin de ne profiter qu’aux collectivités territoriales, cette quête profite aussi grandement aux ordres juridiques externes qui voient en elles de nouveaux relais pour mieux faire application de leurs normes. Rompant donc avec l’idée d’une activité externe des collectivités territoriales exclusivement horizontale, la présente étude tente de développer l’idée d’une activité externe qui puisse également être oblique.
Minjung Yun, Le service public de l'éducation en Corée du Sud, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Olivia Bui-Xuan (Rapp.), Pascale Bertoni (Rapp.), Mathieu Touzeil-Divina et Hélène Orizet
L’éducation publique coréenne, qui a contribué à la croissance économique et de la démocratie en moins de cent ans, était la fierté du pays, mais elle s’est érodée sous l’effet du poids de l’éducation privée et la crise de l’éducation publique. À partir de la prise de conscience de ces problèmes, cette thèse débute avec l’intention d’obtenir des idées éducatives et juridiques applicables à l’éducation coréenne en analysant le domaine du service public de l’éducation française. Le problème lié au statut ambigu des écoles privées et celui du principe de neutralité incorrectement appliqué sont souvent indiqués comme problèmes juridiques observés dans le service public de l’éducation en Corée du Sud. Comme solution à ce problème, l’introduction du concept de service public français et des fondements juridiques associés, tels que la classification des services publics fondée sur la norme fonctionnelle, la délégation de service public, le respect des principes du service public et la résolution active des litiges par le biais de tribunaux administratifs, mérite d’être envisagée. Le service public exige le respect de principes connexes, donc l’introduction de la notion de service public peut également contribuer à résoudre les problèmes liés au principe de neutralité. L’obligation de neutralité ne s’étend pas au domaine de la vie privée, et ne doit pas servir de base juridique pour la privation des droits fondamentaux. De plus, les écoles privées religieuses, bénéficiant de subventions de l’État, doivent respecter le principe de neutralité plutôt que d’imposer une religion spécifique aux membres de l’école.
Eric Fèvre, Comparaison du chef de l’État et du chef du Gouvernement ainsi que de leur rapport mutuel en droit constitutionnel français et allemand, thèse soutenue en 2023 à Universität des Saarlandes en co-direction avec Philippe Cossalter, membres du jury : Olivier Renaudie (Rapp.), Catherine Prebissy-Schnall (Rapp.), Franck Durand
Les Constitutions française et allemande possèdent une flexibilité considérable en ce qui concerne le chef de l’État, et, par ricochet, le chef du Gouvernement. À de nombreux égards ils atteignent ou peuvent atteindre de fait des situations très comparables. Cela permet au locataire de la présidence d’exercer une influence très différente sur la direction du pays, en fonction de son élection et de la manière dont son parti s’est organisé. Tant que le dirigeant du parti est à la tête de son parti, il est en principe la personnalité politique décisive, et ses décisions conformes légalement et aux règles internes du parti s’imposent aux autres membres. Que le chef de l’État dirige de facto le pays est le cas traditionnel en France. Que ce soit le chef du Gouvernement qui dirige son pays est le cas traditionnel en Allemagne. Les candidats présidentiels français et allemand, qui deviennent alors Présidents, peuvent également choisir de se replier de la vie politique quotidienne et être en premier lieu au service d’un rôle de représentation, ainsi qu’occasionnellement d’arbitre. Un Président arbitre se doit de laisser les appréciations uniquement politiques au Gouvernement et doit donc s’exécuter tant qu’il n’existe pas de doutes juridiques. Un Président arbitre est le cas traditionnel en Allemagne. Depuis le Président par intérim et candidat présidentiel au second tour Alain Poher, plus aucun candidat d’importance n’a proposé de présidence arbitrale en France. La flexibilité constitutionnelle française et allemande, inspirée respectivement des expériences vécues de l’autre côté du Rhin, offre des options, sans que l’application d’une option ne se fasse au détriment de l’autre.
Erick Cuba meneses, L'instauration d'un régime de responsabilité patrimoniale effective au Pérou, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Sous la direction du Professeur Gilles J. Guglielmi, cette thèse propose une analyse approfondie du régime de responsabilité patrimoniale de l'État au Pérou en le comparant à des systèmes plus performants, notamment en France et en Espagne. L'objectif est de comprendre les raisons de l'inefficacité du régime péruvien et de proposer des solutions pour la rendre plus efficace. Historiquement, la responsabilité de l'État découle des concepts développés en France au XIXe siècle. En particulier, les arrêts Blanco et Pelletier de 1873 ont jeté les bases du droit administratif français en distinguant la responsabilité publique et privée. L'Espagne a suivi cette trajectoire avec l'adoption de la Loi sur l'expropriation forcée de 1954, sous l'influence d'auteurs comme Eduardo García de Enterría. L'Argentine et la Colombie ont également emprunté et adapté ces principes. Au Pérou, la responsabilité de l'État a été incorporée dans la Loi générale de procédure administrative de 2001, mais le système reste inefficace. Les raisons de cette inefficacité résident principalement dans une construction législative inadéquate et des obstacles procéduraux. Ce projet de thèse explore les bases historiques et doctrinales des régimes de responsabilité et propose un examen critique des causes structurelles et fonctionnelles du manque d'efficacité du système péruvien, tout en s'inspirant des expériences espagnole et française. Le projet se concentre sur trois axes de recherche : la construction structurelle du système, son fonctionnement pratique, et les causes sociales de son inefficacité. En s'appuyant sur une analyse comparative et une recherche doctrinale, la thèse vise à proposer un régime de responsabilité plus efficace et adapté aux réalités péruviennes.
Raluca Onufreiciuc, Transparence et participation publique dans et par l'innovation basee sur l'intelligence artificielle, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Si l'on considère que la création de politiques publiques centrées sur les besoins des citoyens pourrait être complètement transformée par l'IA, la transparence est une composante essentielle qui a la capacité de créer de la sécurité pour les citoyens tout en permettant un contrôle externe, un retour d'information correctif rapide et également une notification d'échec. Ce manque de transparence peut entraîner une diminution de la participation des citoyens, car ceux-ci peuvent ne pas faire confiance au processus s'ils ne comprennent pas comment il fonctionne. En outre, il sera nécessaire de renforcer l'engagement public pour certifier que les outils basés sur l'IA sont utilisés d'une manière bénéfique pour tous les citoyens. Le traité de l'UE crée une présomption claire de transparence et d'accès à l'information qui est censée conduire à une participation accrue des citoyens. En réalité, une opposition semble exister. Mon projet vise à décomposer les pratiques attribuées à la transparence, en particulier en ce qui concerne la participation et l'efficacité des plateformes participatives publiques dans l'UE. L'objectif principal est d'examiner la promesse investie dans la transparence à la fois sur le plan théorique (qu'implique le lien entre transparence et participation?) et pratique (fonctionne-t-elle comme elle le devrait ?) en relation avec l'innovation apportée par l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies.
Alice Cartier, Les relations bilatérales France – Québec à l’épreuve de l’OMC et de l’Union Européenne, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas
Pour étudier l’évolution des relations France – Québec, nous empruntons le regard historique – retraçant le temps long et les différents cycles historiques, économiques, sociaux et culturels de nos civilisations – qui éclaire l’évolution de nos institutions, les formes et les bases du droit. Comprendre d’où l’on vient pour éclairer le présent et le futur. Les échanges commerciaux et le développement du droit international engendrent de nouvelles règles de droit ayant de fortes incidences sur notre monde en évolution, tant àl’OMC qu’au sein de l’Union Européenne. Ces accords et traités, certains dits de « nouvelle génération », dont le CETA, participent à la multi-polarisation du monde, modifiant les règles et accords de droits internationaux, révélant de nouveaux partenariats et enjeux internationaux. La relation bilatérale France – Québec s’en voit malheureusement affaiblie.
Raphaël Meyer, L'intervention économique des communes à l'épreuve de l'intercommunalité, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas présidée par Jean-Marie Pontier, membres du jury : Hélène Pauliat (Rapp.), Florian Poulet (Rapp.), Martine Long et Nil Symchowicz
La place de la commune peut être réinterrogée face à la place croissante de l’intercommunalité dans son domaine d’intervention historique que constitue la prise en charge d’une activité économique, ou encore au regard des aides économiques locales visant au développement économique du territoire. Le mouvement d’intercommunalisation des compétences semble réduire la place et la légitimité de la commune en ces domaines. Il s’agit de s’interroger sur l’éventuelle résistance communale relativement à ces types d’interventions. Comment fait-elle face à ces éventuelles diminutions ? Le juge permet-il certaines souplesses ? La présente étude se propose ainsi d'examiner l'intervention économique des communes à l'épreuve de l'intercommunalité tant au titre de son intervention directe, laquelle consiste en la prise en charge d'une activité économique, qu'au titre de son intervention indirecte, laquelle consiste en l'attribution d'une aide au profit d'une entreprise. L'analyse permet de démontrer que, en ces domaines, la commune est dépassée et eprouvée par l'intercommunalité.
Léonie Marion, Territoires d’intelligences : favoriser l'innovation par le droit, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Philippe Cossalter (Rapp.), Virginie Donier (Rapp.), Bruno Deffains, Catherine Prebissy-Schnall et Pauline Türk
Le numérique occupe une place croissante au sein de nos territoires et apparaît progressivement comme un outil pouvant être mis au service de l’intérêt général. Il invite alors à imaginer une conception des politiques publiques plus collaboratives, une amélioration du service public et remet en question l’organisation territoriale. La notion de smart city est souvent retenue pour décrire ce phénomène. Pourtant, se cantonnant à l’échelle de la ville et emportant avec une vision particulièrement techno-centrée, elle devrait être abandonnée. Le terme de territoires d’intelligences devrait lui être préféré dans la mesure où il met en exergue la diversité des territoires concernés ainsi que la place essentielle de l’ensemble des acteurs, particulièrement le citoyen, dans la conception des territoires. Le Droit tend à être perçu comme un frein aux politiques publiques innovantes. L’objet de ce travail de recherche est de démontrer qu’Il peut, tout au contraire, être vecteur d’innovation, tant technique qu’organisationnelle. Il s’agit donc de déterminer comment le Droit peut accompagner le développement d’innovations technologiques, la collaboration des différents acteurs des territoires (acteurs publics – personnes morales de Droit privé – citoyen) et le renforcement du pragmatisme territorial. Les textes existants peuvent contribuer à la mise en œuvre de ces démarches innovantes et, lorsqu’ils n’apparaissent pas pertinents, peuvent être renouvelés en symbiose avec l’innovation. L’expérimentation juridique, qui permet de tester une nouvelle norme pour une durée limitée et à des fins d’évaluations, est un outil légistique qui semble particulièrement adapté à l’évolution du Droit sur les questions liées au numérique et à la rationalisation de la décentralisation.
Alice Cartier, Les relations bilatérales France – Québec à l'épreuve de l'OMC et de l'Union Européenne, thèse soutenue en 2022, membres du jury : Sarah Cassella (Rapp.), François David (Rapp.), Olivier Ihl et Jean-Jacques Roche
Pour étudier l’évolution des relations France – Québec, nous empruntons le regard historique – retraçant le temps long et les différents cycles historiques, économiques, sociaux et culturels de nos civilisations – qui éclaire l’évolution de nos institutions, les formes et les bases du droit. Comprendre d’où l’on vient pour éclairer le présent et le futur. Les échanges commerciaux et le développement du droit international engendrent de nouvelles règles de droit ayant de fortes incidences sur notre monde en évolution, tant àl’OMC qu’au sein de l’Union Européenne. Ces accords et traités, certains dits de « nouvelle génération », dont le CETA, participent à la multi-polarisation du monde, modifiant les règles et accords de droits internationaux, révélant de nouveaux partenariats et enjeux internationaux. La relation bilatérale France – Québec s’en voit malheureusement affaiblie.
Laure De galbert, Le droit de vote en détention (Costa Rica, États-Unis, France), thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Gilles Guglielmi et Jean-Philippe Derosier
Si l'idée selon laquelle la personne détenue demeure membre de la société et dispose de droits et libertés étonne aujourd'hui moins que par le passé, l'étendue de ces droits et libertés n'est pas la même dans tous les systèmes juridiques. La question de la privation des droits civiques et politiques des personnes détenues, de leur qualité de citoyen et de l'expression de cette qualité fait en effet l'objet d'importantes divergences à travers le monde. La thèse propose une comparaison dynamique entre la conception française du droit de vote des personnes détenues, celle qui prévaut aujourd'hui aux États-Unis, et celle que défend le Costa Rica, unique en Amérique latine. Elle s'attarde sur la fonction de réinsertion de la peine de prison ainsi que sur la place du droit de vote au sein de celle-ci. La thèse s'interroge par ailleurs sur le rôle de l'État dans la garantie de l'application de ce droit ainsi que sur le choix des procédures de vote retenues. Les travaux s'articulent ainsi autour d'une question principale : comment le droit de vote et sa garantie peuvent-ils contribuer à la réinsertion des personnes détenues ? Le choix a en effet été fait de ne s'intéresser qu'à des systèmes autorisant le vote des personnes condamnées détenues. Au Costa Rica, des bureaux de vote existent au sein de chaque établissement pénitentiaire. Premier dispositif mis en place afin de permettre aux personnes détenues de voter, il y existe depuis 1998 et semble être intégré par la population. Aux États-Unis, si la plupart des États prive de droits civiques et politiques les personnes détenues condamnées, le Maine, le Vermont et depuis 2020 Washington D.C. ont fait le choix de leur accorder le droit de vote. Les systèmes du Vermont et de la capitale fédérale sont ainsi pris en exemple au cours de l'étude, de même que la maison d'arrêt du Comté de Cook, dans l'Illinois , dans laquelle une coalition d'associations et d'activistes est parvenue à faire installer un bureau de vote pour chaque élection, tandis que seuls les détenus provisoires y sont autorisés à voter. En France, c'est depuis la réforme du Code pénal de 1994 que la quasi-totalité des personnes détenues conserve le droit de voter, à moins qu'une peine d'incapacité électorale ne soit prononcée à leur encontre. Le choix leur était offert pour l'exercer entre la procuration et la permission de sortir. Toutefois, divers obstacles (difficulté à obtenir ladite permission ou à réaliser une procuration, absence de bureaux de vote en détention, manque d'organisation et d'information sur le sujet, etc.) rendaient difficile l'exercice de ce droit, et c'est ainsi qu'en 2017, seules 2% des personnes détenues en capacité de voter l'ont fait. Afin de remédier à ce problème, la loi n°2019-1461 du 27 décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique a permis d'organiser le vote par correspondance en détention. Depuis lors, les taux de participation aux élections ne cessent d'augmenter et ont atteint 22% à l'élection présidentielle de 2022. Ainsi, alors que la France avance pas à pas vers une adéquation entre sa théorie et sa pratique du vote en détention, le Costa Rica et une infime partie des États-Unis sont parvenus à garantir la bonne application de ce droit qu'ils entendent accorder aux personnes qu'ils détiennent.
Qinyuan Xue, L'intérêt général dans les contrats administratifs, thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Cette recherche vise à étudier le contentieux des contrats administratifs du point de vue de l'intérêt général. L'intérêt général étant la raison d'être du contrat administratif, permet à déroger aux procédures de la passation du contrat, et l'irrégularité du contrat administratif n'entraîne pas forcément la fin du contrat. L'annulation du contrat en cas de l'irrégularité de procédure de passation causera l'interruption de service public, mais l'illégalité de la procédure de passation du contrat peut porter atteinte aux droits des autres candidatures ou aux tiers. De ce fait, cette recherche a pour but d'étudier le rôle du juge administratif qui trouve un équilibre entre la légalité du contrat administratif et la continuité du service public, et son rôle pour limiter le pouvoir exécutif à ses compétences légales dans une société démocratique et de l'Etat de droit. Il s'agit du choix du juge entre l'efficacité de service public et la justice procédurale qu'il doit assurer lors de la passation de contrat administratif dans les systèmes juridiques en question. Finalement cette thèse a pour but d'étudier comment les cocontractants de l'administration peuvent défendre leurs intérêts particuliers quand ils s'engagent à accomplir les missions d'intérêt général.
Andres Manrique jaime, La régularisation en droit administratif , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Gilles Guglielmi
En reprenant les mots de Georges Vedel « La régularisation est un mécanisme opératoire grâce auquel un acte ou une situation juridique contraire au droit peut, avant ou après l'intervention du juge, se perpétuer ou revivre dans la légalité pleinement retrouvée ». Présentée sur la base de l'articulation des principes de légalité et de sécurité juridique, la régularisation tend à prendre position en faveur de ce dernier. De cette manière, cette technique a transformé et renouvelé l'office du juge administratif qui est de plus en plus réticent à prononcer des annulations pures et simples. Se fondant sur le modèle français et abordée à l'ensemble du contentieux administratif, cette thèse vise aussi à identifier les cas dans lesquels l'administration et le juge administratif colombien ont envisagé la mise en place de ce mécanisme de sauvetage de l'action administrative, ainsi qu'à proposer son utilisation là où il n'y a que des annulations platoniques.
Jessica Guecha torres, La responsabilité contractuelle administrative face au principe de l'équilibre financier du contrat , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Gilles Guglielmi et Manuel Restrepo
La responsabilité contractuelle administrative et l'équilibre financier sont deux principes qui, tant en France qu'en Colombie, répondent aux particularités des contrats soumis au droit administratif, trouvant leur principale distinction dans les causes justifiant leur application respective. Néanmoins, il est clair que ces deux principes partagent un élément en commun: leur finalité, puisque dans les deux cas, ils visent à protéger les droits subjectifs et les intérêts d'ordre économique des parties au contrat, susceptibles d'être lésés, notamment ceux du contractant, considéré comme la partie faible face aux pouvoirs de l'administration. Ainsi, la doctrine et la jurisprudence françaises ont commencé à reconnaître une certaine proximité entre ces principes, au point que l'équilibre financier a parfois été présenté comme le fondement de la responsabilité contractuelle, et inversement, cette dernière a été identifiée comme une source de l'obligation de rétablir l'équilibre financier. Dans ces conditions, au-delà d'une analyse descriptive de la responsabilité contractuelle et de l'équilibre financier dans les systèmes juridiques français et colombien, le présent projet de recherche se focalise sur la question de leur interrelation et des implications qu'elle peut avoir. À cet égard, le droit comparé devient un outil d'une importance particulière, dans la mesure où, il permet de corroborer la réalité à laquelle les institutions étudiées sont confrontées, ainsi que la manière dont les systèmes juridiques comparés y ont répondu, dans le but de proposer de nouveaux critères permettant de surmonter l'indétermination des concepts et d'assurer une protection adéquate des intérêts du contractant lorsqu'il décide de conclure un contrat avec l'administration.
Alfredo Nely, Droit des archives présidentielles , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Gilles Guglielmi
A Travers une étude juridique comparative franco-américaine, La recherche scientifique ci-présente tente de lever l'ambigüité sur le terme archives Présidentielles qui désignent de manière générale les archives du Président de la République ou du Président des Etats-Unis. En effet, ce terme est de nature polysémique. Ainsi, le langage courant et certaines doctrines le prêtent souvent à confusion et à une généralisation parfois erronée. Cette tentative d'éclairage permettra également de renforcer les théories de droit public à l'instar de l'imperial Présidency et de la Monarchie Présidentielle. D'autre part, en France comme aux Etats-Unis, elle démontre une dimension contentieuse encadrée par des principes d'origine constitutionnelle qui visent à protéger les droits et libertés fondamentaux ainsi que l'Intérêt générale en matière administrative.
Carlos-Mario Dávila-Suárez, La formation du contrôle juridictionnel de l’administration en droit colombien et l’influence du droit français : essai sur les obstacles à l'accès à la justice contentieuse-administrative et sur la protection effective des droits des administrés., thèse soutenue en 2019 à Paris 2, membres du jury : Simon Gilbert (Rapp.), Grenfieth de Jesús Sierra Cadena (Rapp.), Anna Neyrat et Myriam Salcedo Castro
Dans la doctrine colombienne experte en la matière, il existe un lieu commun consistant à affirmer que tant le droit administratif colombien comme le droit du contentieux-administratif proviennent du droit français ou, au moins, celui-ci y a eu une forte influence dans son élaboration. Il est cependant nécessaire d'analyser cette thèse afin de déterminer la portée d'une telle influence. C'est ce à quoi tentera de répondre cette étude qui a pour but d’expliquer et de montrer la formation et le développement du contrôle juridictionnel de l'administration en Colombie dès la fin du XIX siècle et au cours du XX. Ce qui nous amènera à aborder les emprunts faits par le juge administratif colombien -notamment à la doctrine administrative française de la fin du XIX et de la première moitié du XXe siècle- et le rôle même de la doctrine colombienne de l'époque. D'emblée, il faut écarter ce que l'on ne traitera pas dans ce travail : d'une part le côté institutionnel, c'est-à-dire l'instauration et la formation du Conseil d'État colombien en tant que tel. Ceci en raison des maints travaux ont été consacrés par les chercheurs dans la matière ; d'autre part, l'aspect politique ou idéologique, car, si elle clair que celui-ci a joué un rôle important, notamment grâce à l'Union républicaine des années 1910 qui a impulsé la mise en marche du Conseil d'Etat colombien, ce sujet reste en dehors de notre champ d'études. Ainsi, cette recherche sera centrée sur deux aspects : l'aspect formel comprenant l'idée d'un juge administratif indépendant du pouvoir exécutif, sa technique et sa méthode ; et l'aspect de fond basé sur les recours contentieux-administratifs et les types de procès contentieux. L'objectif global de ce travail est de contribuer à la structuration ainsi qu'à la systématisation de la jurisprudence du droit administratif colombien, afin de tenter de donner de la cohérence et de la sécurité juridique et dans la pratique judiciaire et dans l'enseignement du droit.
Mario alejandro Aguilera martin, Contrôle juridictionnel et pouvoir discrétionnaire, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Le fond de la question en examen nous amène à penser au principe de la séparation des pouvoirs et à son apparente déformation. Outre que la grande question sur la confusion de limites sur ce qui peut être contrôlable, et de l'absence d'accord sur le véritable contrôle que le juge de la légalité exerce aujourd'hui, ce nouvel état de droit semble avoir des répercussions encore plus profondes. Il a été affirmé que le développement théorique centenaire donné à la relation entre les deux concepts (contrôle de légalité- compétence liée/pouvoir discrétionnaire) doit être repensé au point même d'abandonner la théorie du pouvoir discrétionnaire, n'étant pas plus convenable de définir cette dernière à partir des limites du contrôle de légalité. En ces termes, la problématique suivante se pose : l'évolution du rôle du juge administratif et l'approfondissement de son contrôle sur le pouvoir discrétionnaire de l'Administration, implique-t-il dans la pratique une violation du principe de la séparation des pouvoirs, ou réellement, il s'agirait d'un processus qui démontre que la théorie du pouvoir discrétionnaire administratif n'est plus valable et qu´elle doit être restructurée, n'étant pas plus viable en termes théoriques de la définir à partir de l'étendue du contrôle du juge de la légalité?
Julie Rivera Pena, Le service public de l'eau , thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Recouvrant une réalité complexe, le service public de l'eau est souvent dilué dans des études transversales sur les services publics locaux, utilisé pour illustrer des questionnements doctrinaux relatifs à la notion de service public, ou traité au travers du seul prisme de la concession de service public. C'est pourtant un objet d'étude qui présente des enjeux juridiques propres. En effet, l'Organisation des Nations Unies a adopté l'objectif de développement durable n°6 dans le cadre de l'Agenda 2030 qui vise à un accès universel et équitable à l'eau potable, ainsi qu'à une gestion durable des ressources en eau. D'une part, l'adoption de tels objectifs par la communauté internationale suppose qu'ils ne sont pas pleinement réalisés. D'autre part, la poursuite de ces objectifs universels suppose la mise en place de moyens juridiques tant au niveau de l'organisation que de la prestation du service public. Ces moyens juridiques diffèrent d'un pays à un autre. La France est, en matière de service public, un modèle juridique de référence duquel la Colombie se distingue sciemment par son modèle fondé sur l'initiative privée et la régulation. Et pourtant, en ce qui concerne le service public de l'eau, les enjeux juridiques mis en oeuvre sont communs à ces modèles et visent la poursuite d'un droit fondamental à l'eau potable, à un tarif accessible pour tous, tout en préservant durablement la ressource en eau. Ainsi, l'étude du service public de l'eau met en lumière la justification, l'articulation et l'adaptation de deux modèles nationaux de service public de l'eau autour d'enjeux juridiques communs qui sont de plus en plus exigeants notamment par l'introduction d'exigences environnementales.
Margaux Studer, Le droit d'accès à l'information publique en tant que facteur de paix en Colombie, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Gilles Guglielmi et Felipe Calderon-valencia
Ce projet vise à explorer le rôle du droit d'accès à l'information publique en tant qu'outil essentiel pour parvenir à la paix en Colombie. Il soutient que l'accès à l'information publique, comprise comme l'information d'intérêt public, permet une participation citoyenne meilleure et efficace, qui contribue à la construction de la paix. L'étude analyse le cadre juridique colombien et international sur l'accès à l'information publique. Grâce à une approche analytique et déductive, la recherche examine comment l'accès à l'information publique peut faciliter la consolidation de la paix. Ce droit permet non seulement aux citoyens d'être informés des décisions et des actions du gouvernement, mais il leur donne également les moyens de réclamer justice et de participer activement à la prise de décision, des aspects essentiels pour une paix durable. L'analyse est basée sur une étude de rapports d'organisations internationales, de législations nationales et d'études de cas, dans le but d'établir une relation directe entre l'accès à l'information publique et les processus de paix. Le résultat attendu est de fournir des recommandations pour renforcer ce droit en tant que voie vers une paix durable en Colombie, en identifiant à la fois les forces et les domaines d'amélioration de sa mise en uvre.
Renata Diniz, Le partenariat public-privé dans la mondialisation juridique : une analyse des modèles français et brésilien, thèse soutenue en 2019 à Paris 2, membres du jury : Jean-David Dreyfus (Rapp.), Odete Medauar (Rapp.), Jean-Bernard Auby et Mostefa Maouene
Le partenariat public-privé est un instrument d’externalisation de l’action publique qui s’inscrit dans ce mouvement profond et durable qu’est la globalisation. La présente thèse se propose d’analyser la trajectoire prise par le modèle de partenariat public-privé adopté par le Brésil à la lumière du dispositif mis en place en France, depuis leur introduction concomitante dans ces deux pays il y a une quinzaine d’années. En s’inspirant du modèle britannique de Private Finance Initiative, la France comme le Brésil ont cherché à importer ses avantages, en particulier celui de pouvoir répondre rapidement à un besoin de modernisation des infrastructures sans compromettre - au moins à court terme - l'équilibre des finances publiques. Séduits par une technique contractuelle qui leur apparaissait pertinente pour mettre en œuvre leurs projets, les gouvernements français et brésilien ont déployé les efforts nécessaires pour implanter et développer ce nouveau mode d’action contractuelle ; mais à des degrés variables.La thèse analyse, dans une première partie, quelles ont été les difficultés d’adaptation de ce modèle auxquelles la France et le Brésil ont été confrontés avant, dans une seconde partie, d’exposer comment sa mise en œuvre a conduit à une adaptation propre à chacune des réalités nationales. En dépit d’un discours homogène et largement répandu présentant le partenariat comme un outil permettant au secteur public comme au secteur privé d’« en tirer le meilleur », les disparités socio-économiques ainsi que les différences institutionnelles et juridiques existant entre la France et le Brésil ont produit des dispositifs bien différents. La circulation du modèle de partenariat public-privé en France et au Brésil se révèle alors hétérogène, mettant ainsi en évidence les limites de la globalisation juridique.
Agathe Vitour, Le mandat d’intérêt général , thèse soutenue en 2018 à Angers en co-direction avec Martine Long
Dès le traité de Rome, le droit primaire organise une dérogation aux règles du Traité pour les entreprises gestionnaires d’un SIEG fondée sur l’actuel article106 § 2 du TFUE sans toutefois en préciser les conditions de mise en oeuvre. Une jurisprudence hétérogène s’est alors développée. La Commission est intervenue au travers des paquets Monti-Kroes et Almunia pour expliciter la mise en oeuvre de cette dérogation. La notion de mandat est alors introduite pour la première fois dans le droit dérivé. Cette notion a été reprise par la suite à l’article 2 point 2 point j de la Directive services 2006/123/CE du 12 décembre 2006 comme condition d’octroi d’une dérogation au principe de libre prestation de services aux SIEG revêtant un caractère social. Si l’essence du mandat semble aisément identifiable, à savoir octroyer une dérogation aux règles de la concurrence à un gestionnaire de SIEG, sa nature est plus complexe à déterminer. Le mandat se caractérise par la réunion de critères matériels et organiques, à savoir l’existence d’un SIEG, la nécessité d’octroyer une dérogation aux règles de concurrence, l’existence d’un acte détaillant les obligations de service public et les modalités de compensation de ces dernières. Le mandat se présente alors comme une forme d’acte condition. S’il semble a priori permettre une lecture renouvelée du principe de subsidiarité, les institutions de l’UE contrôlent au travers de l’erreur manifeste d’appréciation les interventions des personnes publiques et véhiculent ainsi leur propre conception de l’intérêt général. Le mandat est encore peu utilisé en droit interne et les critères fixés par le droit dérivé sont appliqués de manière lacunaire.
Gökhan Avci, Arbitrage en droit public, thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Pour attirer l'attention des investisseurs étrangers, il faut prévoir des garanties juridiques aux investisseurs transfrontaliers. La crainte que les autorités judiciaires nationales ne les traitent de manière impartiale conduit à créer une solution alternative aux désaccords : l'arbitrage international. Les parties aux relations transfrontalières sont parfois des personnes publiques. L'institution d'arbitrage ne peut pas répondre pleinement aux besoins des contrats publics. La particularité de ces contrats nécessite de se soumettre à des règles d'arbitrage adaptées. De plus, cette nécessité a également conduit à l'émergence d'un arbitrage d'investissement distinct de l'arbitrage commercial. Comme le service public est un domaine variable qui doit s'adapter à l'évolution, il y aura constamment de nouveaux besoins dans l'administration des services publics et dans l'arbitrage des contrats administratifs. La Turquie est un pays qui a établi ses lois administratives, ses organisations administratives et ses procédures administratives sous l'influence du système français. Il est inévitable qu'une entité qui a établi l'ensemble de son système de droit administratif sur le système français bénéficie également pour l'arbitrage d'investissement du savoir-faire juridique lié au droit administratif. Il est considéré que les adaptations juridiques nationales pour l'arbitrage international et les études liées au système de l'arbitrage sont également bénéfiques de manière bilatérale à la Turquie et la France. En plus, comme l'arbitrage est souvent étudié par des privatistes, il sera donc intéressant de l'étudier en abordant la question du point de vue d'un publiciste.
Talip Dogan, La notion de risque contentieux, thèse soutenue en 2018 à Paris 2, membres du jury : Jacques Petit, Catherine Ribot, Marie-Christine Rouault et Bernard Stirn
Le risque contentieux est une incertitude prévisible. Il peut se définir comme la probabilité de survenance d’une cause contentieuse multipliée par l’ampleur des conséquences attachées à cette survenance. Le risque contentieux pèse d’abord sur le décideur public et les administrés. Son traitement s’effectue en deux phases. La première phase correspond au stade où le risque contentieux est éventuel, c’est-à-dire un risque connu mais non manifesté. Il s’agit alors de prévenir les causes contentieuses en sécurisant la décision publique. Pour y parvenir, la personne publique peut compter sur ses propres moyens ainsi que sur la compétence technique que les tiers peuvent lui apporter. Le risque contentieux devient probable au moment de l’introduction du recours contentieux. Il est alors un risque manifesté mais non encore concrétisé. Le procès est la phase où il convient de gérer le risque contentieux dans le contentieux, notamment par des actions curatives ou palliatives. Ces dernières ont pour objet d’éviter que le risque contentieux se réalise (par l’annulation d’un acte, une condamnation…) ou de limiter les conséquences contentieuses. Et le juge est loin d’être étranger à l’anticipation du risque contentieux. Il y est de plus en plus sensibilisé. Il prévient également les risques contentieux. In fine, ce risque conduit à faire supporter une charge sur la partie perdante et, corrélativement, à rétablir la partie adverse dans ses droits.
Sarah Rapaport, La séparation des pouvoirs. Étude comparative États-Unis, France et Royaume-Uni., thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Il s'agira, à travers cette thèse, d'étudier les trois modèles constitutionnels que sont les États-Unis, représentant phare du régime présidentiel, le Royaume-Uni, représentant phare du régime parlementaire, et la France qui a toujours instauré un régime à mi-chemin entre le présidentialisme et le parlementarisme. Plusieurs questions seront abordées dans cette comparaison. Un premier ensemble de questions se concentrera sur la théorie même de la séparation des pouvoirs et de son application dans les différents régimes étudiés. La définition des différents pouvoirs et leur place dans la théorie de la séparation des pouvoirs seront étudiées. Il sera alors également pertinent de s'interroger sur les différences et ressemblances entre les systèmes mais également sur les conséquences des choix constitutionnels qui ont été faits. Enfin, il semble essentiel de se questionner sur l'actualisation de la séparation des pouvoirs: les pouvoirs existant sont-ils toujours au nombre de trois? De nouveaux pouvoirs ont-ils émergé? Quelle place occupent-ils au sein de la théorie de la séparation des pouvoirs? Comment la bouleversent-ils?
Nadia Ait Mouhoub Louali, Le service public à l’heure de l’Open Data., thèse soutenue en 2018 à Paris 2
Le service public a éprouvé une ouverture massive de données publiques dite "Open Data". Ce phénomène s'est développé avec l'émergence des nouvelles technologies d’information dans les administrations publiques, devenant un facteur important dans le renouveau et la modernisation du service public. Cette nouvelle tendance que le monde explore depuis quelques années, vise à partager et à réutiliser les données publiques détenues par le service public. L’objectif de l’Open Data étant la transparence démocratique en réponse à l’exigence de rendre des comptes aux citoyens, pour lutter contre la corruption et promouvoir un gouvernement ouvert en faveur de la participation citoyenne. À cet égard, le concept Open Data mène à nous interroger sur l'importance de l'ouverture des données du service public, sur le degré de l'obligation de s'adapter à cette ouverture, sur les conséquences de l'intrusion d’Open Data dans la sphère du service public et sur les limites imposées à l'Open Data. Pour répondre à ces interrogations, on s’intéressera à l’apparition et au développement de l’Open Data dans le service public, tout en illustrant son impact sur l'évolution de la démocratie et son rôle éminent dans la création de nouveaux services publics, avec notamment le cas du service public de la donnée en France. Ainsi, le meilleur angle pour étudier l'ouverture des données publiques dans le service public sera le droit public comparé, cela nous permettra d'analyser la pratique d'Open Data dans les pays pionniers dans ce domaine et les pays du Maghreb qui intègrent, depuis peu, cette nouvelle méthode de travail. Cette étude a pour but aussi de démontrer ce que l'Open Data peu apporter concrètement à l'administration et au citoyen.
Nadia Ait Mouhoub Louali, Le service public à l'heure de l'Open Data., thèse soutenue en 2018, membres du jury : Élisabeth Zoller, Lucie Cluzel-Métayer, Catherine Prebissy-Schnall et Elise Mouriesse
Le service public a éprouvé une ouverture massive de données publiques dite "Open Data". Ce phénomène s'est développé avec l'émergence des nouvelles technologies d’information dans les administrations publiques, devenant un facteur important dans le renouveau et la modernisation du service public. Cette nouvelle tendance que le monde explore depuis quelques années, vise à partager et à réutiliser les données publiques détenues par le service public. L’objectif de l’Open Data étant la transparence démocratique en réponse à l’exigence de rendre des comptes aux citoyens, pour lutter contre la corruption et promouvoir un gouvernement ouvert en faveur de la participation citoyenne. À cet égard, le concept Open Data mène à nous interroger sur l'importance de l'ouverture des données du service public, sur le degré de l'obligation de s'adapter à cette ouverture, sur les conséquences de l'intrusion d’Open Data dans la sphère du service public et sur les limites imposées à l'Open Data. Pour répondre à ces interrogations, on s’intéressera à l’apparition et au développement de l’Open Data dans le service public, tout en illustrant son impact sur l'évolution de la démocratie et son rôle éminent dans la création de nouveaux services publics, avec notamment le cas du service public de la donnée en France. Ainsi, le meilleur angle pour étudier l'ouverture des données publiques dans le service public sera le droit public comparé, cela nous permettra d'analyser la pratique d'Open Data dans les pays pionniers dans ce domaine et les pays du Maghreb qui intègrent, depuis peu, cette nouvelle méthode de travail. Cette étude a pour but aussi de démontrer ce que l'Open Data peu apporter concrètement à l'administration et au citoyen.
Agathe Vitour, Le mandat d'intérêt général: d'un acte condition à une nouvelle logique de l'action publique, thèse soutenue en 2018 en co-direction avec Martine Long présidée par Hélène Pauliat, membres du jury : Laurence Potvin-Solis (Rapp.), Sébastien Ferrari (Rapp.), Fabien Tesson
Dès le traité de Rome, le droit primaire organise une dérogation aux règles du Traité pour les entreprises gestionnaires d’un SIEG fondée sur l’actuel article106 § 2 du TFUE sans toutefois en préciser les conditions de mise en oeuvre. Une jurisprudence hétérogène s’est alors développée. La Commission est intervenue au travers des paquets Monti-Kroes et Almunia pour expliciter la mise en oeuvre de cette dérogation. La notion de mandat est alors introduite pour la première fois dans le droit dérivé. Cette notion a été reprise par la suite à l’article 2 point 2 point j de la Directive services 2006/123/CE du 12 décembre 2006 comme condition d’octroi d’une dérogation au principe de libre prestation de services aux SIEG revêtant un caractère social. Si l’essence du mandat semble aisément identifiable, à savoir octroyer une dérogation aux règles de la concurrence à un gestionnaire de SIEG, sa nature est plus complexe à déterminer. Le mandat se caractérise par la réunion de critères matériels et organiques, à savoir l’existence d’un SIEG, la nécessité d’octroyer une dérogation aux règles de concurrence, l’existence d’un acte détaillant les obligations de service public et les modalités de compensation de ces dernières. Le mandat se présente alors comme une forme d’acte condition. S’il semble a priori permettre une lecture renouvelée du principe de subsidiarité, les institutions de l’UE contrôlent au travers de l’erreur manifeste d’appréciation les interventions des personnes publiques et véhiculent ainsi leur propre conception de l’intérêt général. Le mandat est encore peu utilisé en droit interne et les critères fixés par le droit dérivé sont appliqués de manière lacunaire.
Lisa Gerbi, L'utilisation des données personnelles par l'Etat, thèse en cours depuis 2017 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Cette thèse a pour objet d'étudier les rapports entre État et données à caractère personnel.
Laura Jaillet, La coopération frontalière en matière de prévention des risques, thèse en cours depuis 2017 en co-direction avec Gilles Guglielmi et Philippe Cossalter
La prévention de risque constitue un vaste enjeu de nos sociétés modernes. Les sciences qui s'y consacrent, les sciences cindyniques, sont nombreuses. Les régions frontalières font également l'objet d'études pluridisciplinaires en constante évolution. Nous proposons de combiner les deux aspects sous l'angle du droit. La définition des risques est un processus géo-légal de mise en relation entre les risques et les enjeux ramenés à un territoire donné. Souvent, la délimitation de ce territoire ne correspond pas avec les limites administratives des États, créant ainsi des risques transfrontaliers qui traversent les frontières, sans que le cadre juridique ne puisse les suivre. Si ce cadre juridique de la prévention des risques est hétérogène au sein du droit national, il n'est par ailleurs pas constitué de la même manière chez nos voisins allemands. L'enjeu de la coopération frontalière en matière de prévention des risques est donc de trouver les outils nécessaires à la formalisation d'une coopération permettant une prise en charge efficace des risques en région frontalière.
Kheireddine Khelil, L'action en justice des collectivités territoriales, thèse en cours depuis 2017 en co-direction avec Gilles Guglielmi
Le projet de thèse s'articule autour de plusieurs problématiques relatives au droit d'ester en justice des collectivités territoriale lorsqu'elles sont en demande devant le juge. L'intérêt de l'étude porte sur les collectivités territoriales, personne morale de droit public en qualité de justiciable. La question de la mise en uvre de ce droit au sein même de la collectivité sera étudiée. La variabilité de l'action des collectivités territoriales selon le type de recours effectué et selon devant la juridiction saisie : recours devant le juge administratif et judiciaire, le Conseil constitutionnel dans le cadre de la question prioritaire de constitutionnalité ou bien encore devant le juge du de l'Union Européenne. Le rôle nécessaire de la collectivité territoriale nécessaire dans l'évaluation des risques contentieux, comme dans l'anticipation d'éventuel recours qu'elle pourrait réaliser ou en empêcher la survenance.
Sergio-Orlando Silva-Arroyave, La suprématie interprétative des juridictions constitutionnelles : étude comparée en droit français et colombien, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 en co-direction avec Carlos Mario Molina Betancur, membres du jury : Frédérique Rueda (Rapp.), Myriam Salcedo Castro (Rapp.), Rhita Bousta et François Julien-Laferrière
Les juridictions constitutionnelles ont sans doute de larges compétences interprétatives. Toutefois, l’ampleur de ces compétences varie dans les différents ordres juridiques selon l’aptitude que les autres organes et autorités de l’Etat peuvent adopter devant ces interprétations. Une juridiction constitutionnelle a une suprématie interprétative dans un Etat en particulier si ses interprétations doivent être obligatoirement respectées et appliquées par tous les autres organes et autorités de l’Etat. Si ses interprétations sont seulement obligatoires pour quelques autorités, cette juridiction constitutionnelle a simplement une compétence interprétative supérieure vis-à-vis de ces autorités. Afin d’identifier les plus larges compétences interprétatives des juridictions constitutionnelles, la démarche comparative est hautement recommandée parce qu’elle permet de distinguer plus facilement les limitations que ces juridictions peuvent rencontrer dans leurs ordres juridiques respectifs. Ainsi, en suivant cette démarche, seront identifiées l’ampleur des compétences interprétatives des juridictions constitutionnelles française et colombienne et leurs répercussions dans chacun de leurs Etats.
Bénédicte Ritter, La notion de mutualisation des services des collectivités territoriales, thèse soutenue en 2017 à Paris 2, membres du jury : Nicolas Kada (Rapp.), Catherine Ribot (Rapp.), Vincent Aubelle, Hélène Pauliat et Jean-Marie Pontier
La recherche de coopération entre collectivités territoriales est ancienne. Depuis la création de ces institutions décentralisées, ces dernières, encouragées par le législateur, ont largement participé au développement de procédés juridiques coopératifs dont la mutualisation des services fait partie intégrante. Plusieurs procédés juridiques permettant la coopération entre collectivités ont vu le jour au fil des réformes relatives à la décentralisation ; tout d’abord par la création d’intermédiaires permettant d’assurer ces coopérations, puis par la possibilité pour les personnes publiques locales de mettre en oeuvre leurs propres coopérations. Par ailleurs, l’intérêt du droit de l’Union européenne pour les contrats entre personnes publiques s’est porté par ricochet sur les procédés de mutualisation des services, impactant les dispositifs nationaux. Un droit spécifique se développe ainsi autour de la notion doctrinale de mutualisation des services. Pour autant, la grande hétérogénéité des outils juridiques permettant la mutualisation des services et la constante évolution de leurs régimes juridiques rendent difficile un regard ordonné sur ces modes de gestion coopératifs, et sur la nature même de cette notion de mutualisation des services.
Florin Irimia, Le contentieux précontractuel des marchés publics en France et en Roumanie, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Delphine Burriez, Philippe Cossalter, Stéphane Manson et Catherine Prebissy-Schnall
Le contentieux précontractuel des marchés publics en France et en Roumanie est une étude comparative qui a comme objet l’analyse synthétique et pragmatique des mécanismes nationaux français et roumains destinés à assurer la protection des opérateurs économiques contre les éventuels manquements aux principes de transparence et de mise en concurrence. La comparaison des deux ordres juridiques est initiée à partir de la présentation du droit européen du contentieux des marchés publics qui a influencé de manière substantielle les systèmes juridiques nationaux. Cette influence sera le point central de l’étude et elle facilitera une comparaison indirecte entre le droit français et le droit roumain qui ont réagi de façon similaire et différente à la fois face à la primauté du droit européen. Ainsi, forte de sa tradition historique en matière de contentieux administratif, la France a été plus réticente à intégrer les règles européennes et a dû accepter quelques compromis qui ont sensiblement bouleversé ses coutumes, notamment en ce qui concerne les pouvoirs du juge. Le système juridique roumain, plus jeune et moins encré dans des règles traditionnelles, a été plus ouvert aux attraits du droit européen à tel point qu’il a innové en créant un organisme administratif-juridictionnel spécialisé, plus adapté aux exigences de rapidité et d’efficacité imposées par les directives européennes. L’évolution de sa jurisprudence riche mais changeante et sa comparaison avec la jurisprudence du juge administratif français nous permettra de nous interroger sur le compromis nécessaire entre la légalité et la sécurité juridique dans la passation des marchés publics.
Morgane Le Jan, Le service public postal face au droit de l’Union européenne , thèse soutenue en 2016 à Paris 2 en co-direction avec Muriel Le Roux
En 1957, l’État est l’organisateur du service public postal en France à travers son administration centrale. Cette même année est signé un traité à Rome entre six États européens autour de l’idée de marché commun avec délégation de souveraineté.Le service public postal et l’Europe du traité de Rome vont, tout d’abord, évoluer parallèlement. Mais, au début des années 1980, le contexte politique, économique et technologique change et l’Europe se saisit de la question postale ; d’une phase d’ignorance, on entre alors dans une phase de confrontation : l’Europe soumet le service postal au droit commun de la concurrence et remet en cause le monopole, organisation traditionnelle du service postal. Par ailleurs, le service public postal organique est transformé : La Poste, exploitant public doté de la personnalité juridique est née. Progressivement, la logique de confrontation laisse place à une phase de concertation entre l’Europe du traité de Rome et les États membres qui donne naissance à plusieurs directives. Ces dernières placent en leur cœur le service universel postal. En 2012, la libéralisation du service postal devient totale : il n’existe plus de monopole légal.Cette ouverture du marché est concomitante avec la révolution numérique. Ainsi, dans ce contexte de bouleversements idéologiques, technologiques et économiques, le service public postal connaît des évolutions significatives tant dans sa forme – La Poste devient une société anonyme – que dans sa mission : pour répondre aux nouveaux besoins d’intérêt général, raison d’être du service public, le service public postal est reconfiguré.
Felipe Calderon Valencia, Le contrôle a posteriori de la constitutionnalité des lois en droit français et colombien, éléments de compréhension d'une culture constitutionnelle, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 en co-direction avec Carlos Mario Molina Betancur, membres du jury : Arnaud Martin (Rapp.), Gérard Marcou et Jean-Philippe Derosier
L’étude de l’histoire constitutionnelle comparée montre l’essor de la protection du fond et la forme de la Constitution politique. Pour ce faire, le développent des conditions de la création l’implémentation progressive du contrôle a posteriori entre le XVIIIème et XXème, a permis la création d’une actio popularis. Le droit constitutionnel français que le droit constitutionnel colombien possèdent de mécanismes processuels dont les composants favorisent et relient la citoyenneté aux processus qui étaient auparavant à l’usage exclusif de ses représentants. Le but de cette étude est donc de réfléchir sur l’origine des fondements de l’incidence du droit du contentieux constitutionnel dans la préservation de la Constitution comme base de l’État.
Muhannad Ajjoub, La notion de liberté contractuelle en droit administratif français, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Géraldine Chavrier (Rapp.), Jean-David Dreyfus (Rapp.), Catherine Prebissy-Schnall
Conclure sur le sujet de la liberté contractuelle en droit administratif français n’est pas chose aisée. Cela dépend, essentiellement, de la façon de poser la problématique. Ainsi, si la question est de savoir si les personnes publiques disposent, à l’instar des particuliers, d’une liberté contractuelle, la réponse, dans le meilleur des cas, est qu’il s’agit d’une liberté à caractère particulier. En effet, en pratique, cette liberté est très restreinte, ses manifestations sont marginales, ce qui empêche véritablement de parler de « liberté heureuse ». Mais si la question est de savoir si le droit administratif français, à partir de ses particularités, de son originalité ainsi que de ses règles normatives, permet de reconnaître une telle liberté en faveur des personnes publiques, alors la réponse est négative. L’intérêt général, les prérogatives de la puissance publique, la compétence, la souveraineté, l’efficacité de la commande publique, la bonne utilisation des deniers publics et les principes fondamentaux de la commande publique,etc., constituent des obstacles fondamentaux non seulement à la reconnaissance de la liberté contractuelle aux personnes publiques mais également à son exercice effectif par ces dernières. Ainsi, certains auteurs ont pu conclure au sujet de la liberté contractuelle des personnes publiques qu’« en théorie elle existe mais, dans la pratique, personne ne l'a jamais vraiment rencontrée".
Giorgio Mancosu, La transparence publique à l'ère de l'Open Data. Etude comparée Italie-France, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 en co-direction avec Andrea Pubusa, membres du jury : Alberto Zito et Philippe Cossalter
Les objets, les supports, les sources, la gouvernance, les contenus, les acteurs, les fins et les formes de la transparence publique connaissent à présent une évolution rapide et profonde, qui dépasse les frontières nationales et dépend de l’interaction entre facteurs politiques, technologiques, juridiques et socio-culturels. Cela s’avère notamment lorsque la transparence se prévaut des moyens du paradigme de l’"Open Government Data" et s’inscrit dans les perspectives de la doctrine de l’"Open Government".Ce travail de recherche vise à esquisser les mutations et les axes de progrès de la transparence publique, à l’aune de l’évolution des systèmes juridiques italien et français. On se penchera à titre liminaire sur l’articulation entre les notions de transparence et d’ouverture, afin de cerner les questions juridiques soulevées par l’ouverture des données publiques à des fins de transparence. Ensuite, on parcourra le niveau supranational, à la fois un forum et un lieu d’élaboration des orientations fondamentales en la matière. Une place de choix sera réservée au droit (et à la politique) de l’Union Européenne, dont on examinera les développements les plus récents. Enfin, on analysera les ordres juridiques susmentionnés, qui font à l’heure actuelle de la refonte du droit à l’information publique l’un des chantiers majeurs, dans le cadre de partenariats multi-parties prenantes tels que l’"Open Government Partnership".
Morgane Le Jan, Le service public postal face au droit de l'Union européenne: histoire d'un compromis (1957-2012), thèse soutenue en 2016 en co-direction avec Muriel Le Roux, membres du jury : Lucie Cluzel-Métayer (Rapp.), Sophie Nicinski (Rapp.), Jean-Paul Forceville
En 1957, l’État est l’organisateur du service public postal en France à travers son administration centrale. Cette même année est signé un traité à Rome entre six États européens autour de l’idée de marché commun avec délégation de souveraineté.Le service public postal et l’Europe du traité de Rome vont, tout d’abord, évoluer parallèlement. Mais, au début des années 1980, le contexte politique, économique et technologique change et l’Europe se saisit de la question postale ; d’une phase d’ignorance, on entre alors dans une phase de confrontation : l’Europe soumet le service postal au droit commun de la concurrence et remet en cause le monopole, organisation traditionnelle du service postal. Par ailleurs, le service public postal organique est transformé : La Poste, exploitant public doté de la personnalité juridique est née. Progressivement, la logique de confrontation laisse place à une phase de concertation entre l’Europe du traité de Rome et les États membres qui donne naissance à plusieurs directives. Ces dernières placent en leur cœur le service universel postal. En 2012, la libéralisation du service postal devient totale : il n’existe plus de monopole légal.Cette ouverture du marché est concomitante avec la révolution numérique. Ainsi, dans ce contexte de bouleversements idéologiques, technologiques et économiques, le service public postal connaît des évolutions significatives tant dans sa forme – La Poste devient une société anonyme – que dans sa mission : pour répondre aux nouveaux besoins d’intérêt général, raison d’être du service public, le service public postal est reconfiguré.
Elise Mouriesse, La notion de quasi-régie en droit public français, thèse soutenue en 2015 à Paris 2, membres du jury : Jean-David Dreyfus (Rapp.), Rozen Noguellou (Rapp.), Gabriel Eckert et Pascale Idoux
Les enjeux de la quasi-régie (traduction française du « contrat « in house » ») sont multiples car elle constitue avant tout une dérogation aux règles de passation des contrats publics. Elle est de ce fait entièrement conditionnée par cette caractéristique et repose sur une combinaison particulière entre plusieurs modalités liées au fonctionnement des prestataires intégrés et aux relations qu’ils entretiennent avec leurs détenteurs. Seules les situations qui ne sont pas susceptibles de porter atteinte au bon fonctionnement du marché peuvent donc être qualifiées de mécanismes interorganiques. La quasi-régie est ainsi clairement distincte d’autres notions, telles les associations transparentes ou les montages artificiels, et constitue une véritable construction juridique légitime que les acteurs du secteur peuvent manier. Sa malléabilité est toutefois révélée par l’étude des modes d’intervention multiples avec lesquels elle est compatible en France : la société publique locale n’est par exemple qu’un moyen parmi d’autres de la mettre en oeuvre. Cette flexibilité est confirmée par le fait que les disciplines financière et fiscale françaises ne se saisissent pas de ce mécanisme, de telle sorte que la quasi-régie ne constitue pas un mode de gestion intermédiaire entre régie et externalisation. La qualité de contrat spécial, plus précisément celle de « contrat interorganique », semble toutefois pouvoir lui être attribuée car la quasi-régie repose sur une combinaison de circonstances contractuelles et institutionnelles spécifiques qui impliquent avant tout des modalités particulières en termes de passation, sans pour autant exclure certaines singularités en matière d’exécution.
Luca Belli, De la gouvernance à la régulation de l'internet, thèse soutenue en 2014 à Paris 2, membres du jury : Geneviève Koubi (Rapp.), Oreste Pollicino (Rapp.), Cristiana Sappa
Texte du résumé non disponible
Maurizio Raffaele Frugis, Les pouvoirs de l'employeur public en droit comparé franco-italien, thèse soutenue en 2014 à Paris 2 en co-direction avec Antonio Pileggi, membres du jury : Ivana Marimpietri (Rapp.), Nicola De Marinis (Rapp.), Sergio Magrini et Lucie Cluzel-Métayer
L’objet de cette thèse est une comparaison entre les dispositifs de gestion du personnel des administrations publiques françaises et italiennes, afin d’explorer leur efficacité et d’identifier les principaux problèmes qui émergent à la suite de leur application. La loi italienne assimile le dirigeant à l’employeur privé. Il est donc le titulaire formel et substantiel des prérogatives de l’employeur public. En ce qui concerne les relations de travail, à l’exception de normes spéciales de droit public qui sont à l’intérieur du Texte unique de l’emploi public, le législateur renvoie à la négociation collective et aux mêmes règles qui régissent la relation de travail au sein de l’entreprise privée. Dans la fonction publique française le droit du travail est inapplicable . Toutefois, on remarque l’influence réciproque de celui-ci et du droit de la fonction publique. Il n’y a pas de place pour la négociation : le fonctionnaire doit accepter le régime juridique imposé par l’employeur public. En dépit des apparences et malgré deux différents régimes juridiques, les deux systèmes en évoluant montrent toujours davantage de ressemblances, notamment en ce qui concerne les outils de gestion du personnel, le recours aux contractuels et le rôle de la négociation collective. Il se trouve que la souplesse dans la gestion des ressources humaines n’est pas nécessairement liée à la forme juridique de la relation de travail des fonctionnaires. Le choix unilatéralisme/négociation, régime de droit public ou de droit privé est mal posé. Même le statut constitue un cadre souple, ce sont plutôt certaines pratiques politiques et administratives qui causent des dysfonctionnements. Pour gagner en efficacité, il ne s’agit pas, pour l’Italie, de supprimer la privatisation de l’emploi public, et non plus pour la France de supprimer le régime statutaire. Il se trouve que les deux administrations publiques n’utilisent pas toutes les possibilités offertes par les normes. Il faut investir sur les ressources humaines afin que les hauts fonctionnaires deviennent de vrais managers, plutôt que de continuer à envisager sans cesse des réformes radicales.
Damien Leroy, Les établissements du réseau des chambres de commerce et d'industrie : monographie législative, thèse soutenue en 2013 à Paris 2 présidée par Stéphane Braconnier, membres du jury : Stéphanie Damarey (Rapp.), Christophe Sinnassamy (Rapp.)
Tout au long de son histoire, le réseau des chambres de commerce et d’industrie s’est révélé être un acteur majeur du soutien aux entreprises et du développement économique de leur territoire. Conscient des profondes mutations de l’environnement des entreprises, il s’est engagé depuis plusieurs années dans un important mouvement de réformes qui a abouti à la loi du 23 juillet 2010 relative aux réseaux consulaires, au commerce, à l’artisanat et aux services. Censée rationaliser le fonctionnement du réseau des chambres de commerce et d’industrie, cette loi est le fruit d’un difficile compromis. La réforme reste « au milieu du gué », avec son lot de difficultés et d’incohérences. A l’heure de la modernisation de l’action publique, il semble que le réseau des chambres de commerce et d’industrie n’a pas souhaité s’attacher davantage à poursuivre plus en avant les concepts de mutualisation ou de fusion. Or, nombre de nos voisins européens ont déjà opté pour une stratégie de regroupement rationnel de ces structures consulaires - chambres de commerce et d’industrie, chambre de métiers et de l’artisanat, chambres d’agriculture - en une seule et unique structure. Par conséquent, la présente thèse s’interroge légitimement sur la pertinence d’une telle réforme en demi-teinte.
Serge-Marie Agboton, Information et secret médical en droit administratif, thèse soutenue en 2003 à Paris 10
Au cours de cette recherche, nous avons voulu mettre l'accent sur la notion générale d'obligation d'information médicale, à savoir : sa genèse, ses fondements juridiques et ses composantes. Le contentieux administratif du défaut d'information en matière médicale, c'està-dire : la preuve de l'information médicale et les responsabilités hospitalières ont été abordées, ainsi que les apports de la loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Ensuite, une étude comparative sur la question avec d'autres Etats démocratiques a été réalisée. Enfin, il était inconcevable d'achever ce travail sans y ajouter une analyse expérimentale en milieu hospitalier. Son but a été d'évaluer la mise en application de l'information au quotidien sur le terrain.
Stéphane Lucard, Ordre public et Internet, thèse soutenue en 2003 à Paris 10
Deux lois de 1789 et 1790 ont instauré la commune en conférant au maire une mission de "bonne police" dans les lieux publics. Une loi de 1884 participera de la systématisation de la notion plus vaste sous-tendant l'action de la puissance publique sur ce plan : celle d'ordre public. La notion d'ordre public correspondra donc à l'intervention d'un droit objectif et autoritaire visant à prévenir ses éventuels troubles ou atteintes, ceci par une action coercitive de la puissance publique ou par une action de production normative. La notion d'ordre public a elle-même évolué et s'est ouverte à des composantes dématérialisées, permettant de s'interroger sur son lien avec un média de communications électroniques dématérialisées dans une dimension mondiale. L'Internet posera donc la question des nouveaux modes d'intervention de la puissance publique sur ce média ainsi que leurs limites face à la sphère privée de l'Internaute. Le caractère global de l'Internet confrontera aussi cette notion française d'ordre public à un cadre supranational ainsi que ses modes et fondements d'intervention de la puissance publique à d'autres systèmes ou cultures juridiques.
Catherine Prebissy-Schnall, La pénalisation du droit des marchés publics, thèse soutenue en 2001 à Paris 10
Phénomène nouveau, la pénalisation du droit des marchés publics a mis face à face deux mondes qui s'ignoraient jusqu'ici : celui de la justice pénale et celui de l'achat public. Le déficit de connaissances entre ces deux mondes a pour effet d'inquiéter les acteurs de l'achat public qui, habitués au raisonnement du juge administratif, ne perçoivent pas toujours la logique pénale suivie en cas d'infractions autour des marchés publics. Si les juges administratifs et financiers obtiennent désormais des résultats satisfaisants par la mise en œuvre de procédures plus efficaces, la pénalisation n'apparaît-elle pas moins opportune ? L'insécurité juridique ressentie par les professionnels s'explique par deux facteurs : une pénalisation jugée excessive du droit des marchés publics et l'apprentissage difficile de la pluralité des contrôles. L'infraction de favoritisme fait, en effet, apparaître la notion de risque pénal pour un délit intentionnel dans la mesure où des poursuites peuvent être engagées sur la base d'une simple inobservation de la réglementation des marchés, présumée accomplie en connaissance de cause. Par ailleurs et dans la mesure où les contrôles tant administratif, financier que répressif interviennent de manière autonome sans ordre chronologique, la crainte est de voir le juge pénal instrumentalisé par la victime. Or, la sanction pénale ne s'ajoute à la sanction administrative que pour en accentuer le caractère dissuasif quand cela est nécessaire. Un dosage d'actions préventives et répressives équilibrées devrait ainsi pouvoir apporter une alternative à la pénalisation croissante. Levier de transformation des pratiques, la pénalisation du droit des marchés publics apparaît comme une stratégie de responsabilisation incitant chacun à se mettre en situation de respecter les règles applicables et à rendre compte de son activité dans un souci de qualité et de sécurité.