Date limite le vendredi 14 nov. 2025
La présente conférence sera organisée du 21 au 22 mai 2026 à l’Université de Lille dans le cadre du Cross Disciplinary Project intitulé Decision-making Processes under Extreme Radical Uncertainties (DePeru). Le comité scientifique invite ainsi les jeunes chercheur(e)s à questionner la notion de légitimité des décisions adoptées dans un contexte d’incertitude radicale du point de vue du Droit international et européen. D’autres prismes du Droit, de nature à alimenter la réflexion, pourront également être envisagés. Les communications orales et échanges se tiendront en anglais, toutefois, les contributions écrites pourront être formulées en anglais et en français.
Contexte
L’incertitude radicale désigne une forme d’incertitude particulièrement aiguë, dans laquelle il est impossible de prévoir les événements à venir, d’en mesurer les effets, ou même d’identifier avec certitude les paramètres pertinents de la situation[1]. L’incertitude radicale se distingue donc de l’incertitude scientifique, liée à une connaissance incomplète d’un phénomène, et de l’incertitude socio-économique, qui concerne l’imprédictibilité des impacts sociaux et économiques d’un événement.
Ce type d’incertitude survient notamment lors de crises inédites — sanitaires, climatiques, géopolitiques ou technologiques — qui dépassent ainsi les cadres classiques de gestion des risques, et appellent des réponses exceptionnelles, parfois prises dans l’urgence, sans garantie de leur conformité aux principes juridiques déjà établis.
C’est dans ce cadre que la légitimité d’une décision prise devient un enjeu crucial. La légitimité est un concept polysémique[2], qui désigne, entre autres, le jugement porté par un ou plusieurs acteurs sur sa validité, en fonction de normes, de valeurs ou d’intérêts partagés. Elle résulte d’un processus d’évaluation impliquant au minimum un décideur et un évaluateur, dont la perception permet de qualifier la décision comme acceptable, ou non. Cette reconnaissance peut concerner aussi bien le contenu de la décision que la procédure ayant conduit à son adoption. On distingue généralement trois formes de légitimité : pragmatique, lorsqu’elle repose sur l’utilité ou les effets favorables de la décision ; cognitive, lorsqu’elle tient à sa clarté et à la logique du raisonnement ; et morale, lorsqu’elle est jugée conforme aux valeurs sociales ou juridiques[3]. La légitimité apparaît ainsi comme une notion relationnelle et contextuelle, à l’interface du droit, de l’éthique et du politique.
Cet appel à communication invite les doctorant.e.s en droit et sciences sociales à explorer, dans divers champs d’application, la manière dont le Droit tente de répondre à l’incertitude radicale, tant sur le plan normatif que procédural, en questionnant la légitimité des décisions ainsi produites. À cet effet, des réflexions prospectives sont également encouragées.
À titre d’illustration, les contributions pourraient questionner la légitimité des décisions juridiques et/ou juridictionnelles adoptées en matière environnementale, constitutionnelle, économique, etc. Des événements d’actualité peuvent également être mobilisés, comme le soulève la question de la confiscation des avoirs russes[4] donnant lieu à des positions divergentes en droit international[5]. En effet, cet exemple interroge la légitimité des décisions prises, ou à prendre, ce qui rend le futur des relations internationales incertain. Il s’agit, dans ce cadre, d’interroger le rôle du Droit comme outil de stabilisation, mais aussi comme espace de tension où la nécessité d’agir rencontre l’obligation de respecter des garanties juridiques fondamentales.
Axes thématiques proposés :
Les propositions pourront s’inscrire, sans s’y limiter, dans les thématiques suivantes :
- Environnement (crises environnementales, perte de la biodiversité, ...)
- Démocratie (ingérence dans les affaires intérieures, instabilités internes, …)
- Défense et sécurité (agressions externes, terrorisme, …)
- Sanitaire (épidémie, évolution des techniques médicales, …)
- Économie (crise boursière et financière, développement économique et social des États, …)
Modalités de soumission :
Les doctorant.e.s intéressé.e.s sont invité.e.s à soumettre leurs propositions de communication (500 mots maximum) et une brève présentation biographique (5 à 10 lignes).
Les propositions sont attendues pour le 14 Novembre 2025 au plus tard à l’adresse mail suivante : legitimacy@univ-lille.fr
Les propositions attendues peuvent être rédigées soit en français soit en anglais.
Le colloque se tiendra à l’Université de Lille, Faculté de Droit (France) du 21 au 22 mai 2026.
Les frais de déplacement seront à la charge des contributeurs.
Les réponses apportées aux contributeurs seront transmises au plus tard le 19 décembre 2025.
Les contributions écrites devront être transmises pour le 29 avril 2026.
Une publication pourra être envisagée a posteriori pour une sélection de contributions, sous réserve de la satisfaction des conditions éditoriales et scientifiques requises.
Contact :
Pour toute question, veuillez adresser vos demandes aux membres du comité d’organisation :
Marie Copin (marie.copin@univ-lille.fr ) et Clara Mathis (clara.mathis@univ-lille.fr ).
Comité scientifique :
Elsa Bernard - Professeure en droit public (ERDP-CRDP, Université de Lille - France)
Magali Dreyfus - Chargée de recherche en droit public (CERAPS, Université de Lille - France)
Martin Belov - Professeur en droit constitutionnel (Université Saint-Clément d’Ohrid - Bulgarie)
Coordinatrices :
Marie Copin - Doctorante en droit public (Université de Lille - France)
Clara Mathis - Doctorante en droit public (Université de Lille - France)
[1] Hasselaar J. J., Hope in the context of climate change: Jonathan sacks’ interpretation of the Exodus and radical uncertainty, International Journal of Public Theology, 2020, 14(2), p. 224-240.
[2] Friry, D, Influence du leadership dans le processus de légitimation du cadre de santé hors filière débutant, Projectics/Proyectica/Projectique, (HS), 2020, p. 61-84.
[3] Aldrich, H. E., & Fiol, C. M., Fools rush in? The institutional context of industry creation. Academy of management review, 19(4), 1994, p.645-670 ; Suchman, M. C., Managing legitimacy: Strategic and institutional approaches, Academy of management review, 1995, 20(3), p.571-610 ; Zimmerman, M. A., & Zeitz, G. J. , Beyond survival: Achieving new venture growth by building legitimacy, Academy of management review, 2002, 27(3), p. 414-431 ; Barbaroux, P., & Gautier, A., En quête de légitimité : la gestion du changement organisationnel comme processus de légitimation, Management international, 2017,.21(4), p. 48-60.
[4] D. Mainguy, Saisie des avoirs russes : un parcours d’obstacles juridiques, site web Le Club des juristes, 26 mars 2025: lien
[5] D. Mainguy, op. cit : lien ; article de Rémi Mouret, site web Les Surligneurs, « Est-ce que le droit international interdit la confiscation des avoirs russes, comme l’affirme Bastien Lachaud? »: lien