Appel à contribution

Les sentiments et le droit

Date limite le lundi 15 sept. 2025

Le droit est présenté comme une science (les sciences juridiques) avec un raisonnement et des méthodes proches des sciences exactes.

Le souci de neutralité, d'objectivité et d’impartialité est constamment présent : la loi est générale, elle se veut la même pour tous, la justice se doit d'être impartiale, etc.

Pourtant les normes juridiques sont applicables à l'être humain avec toute la complexité et les mouvements de l’âme qui lui sont propres.

Est-il possible d'en faire abstraction ?

Une distinction peut être faite entre émotion, passion et sentiment : L’émotion se caractérise par une réaction brève et intense face à une situation. On peut y voir une réaction biologique à un stimuli externe ou interne (joie, colère, peur, indignation…). La passion, quant à elle, se définit par une intensité qui va bien au-delà de l’ordinaire, au-delà de ce que l’on éprouve habituellement. Elle peut être brève et exaltée ou bien durable et soutenue, qu’il s’agisse d’un être ou d’une chose (violon d’Ingres, amour passionné et passionnel, carrière professionnelle…). Enfin le sentiment, du latin sentire, renvoie à différentes réalités :

  • Ce sont l’ensemble des mouvements du cœur (ressentiments et dissentiments) par opposition à la notion de consentement
  • C’est aussi « la cause impulsive et déterminante d’un acte juridique, le mobile d’un délit civil ou pénal, parfois l’élément constitutif de l’un ou de l’autre » (intention libérale, intention de nuire, abus du droit)
  • C’est encore une perception intime, intuitive d’une situation « de nature à influer sur un comportement ou un jugement » (sentiment d’insécurité, d’injustice, de culpabilité, d’équité) (G. Cornu).

En résumé, le sentiment c’est percevoir par les sens ou l’intelligence ; être affecté ; éprouver ; penser ; juger… Quelquefois c’est synonyme d’avoir une opinion, même si dans ce cas, le sentiment apparaît moins raisonné qu’un avis étayé.

Si les sciences juridiques apparaissent fondées sur la rationalité et l’objectivité, les sentiments traversent pourtant toutes les sphères du droit : de l’élaboration des normes à leur application, en passant par l’interprétation des textes juridiques. Que ce soit dans la justice pénale, le droit de la famille, le droit du travail, le droit des obligations ou encore le droit international, l’influence des émotions sur les décisions juridiques et leur réception sociale est indéniable. Le droit est une histoire de sentiment(s).

Cet ouvrage collectif vise à explorer les multiples interactions entre le droit et les sentiments. Comment les émotions influencent-elles la création et l’interprétation des normes ? Comment sont-elles prises en compte par les juges, les avocats et le législateur ? Dans quelle mesure les affects des justiciables et des professionnels du droit participent-ils à l’élaboration et à l’application des règles juridiques ?

Axes thématiques

Nous sollicitons des contributions provenant de divers horizons disciplinaires (droit, philosophie, sociologie, histoire, psychologie, science politique, etc.), abordant, entre autres, les thématiques suivantes :

1.⁠ ⁠Les émotions dans l’élaboration du droit

-       L’influence des émotions collectives (indignation, colère, compassion, peur) dans l’adoption de nouvelles lois.

-       Le rôle des sentiments dans l’évolution du droit et des doctrines juridiques.

-       L’émotion dans les débats parlementaires et les discours juridiques.

2.⁠ ⁠Les sentiments dans l’interprétation et l’application du droit

-       La prise en compte des émotions des parties dans les décisions judiciaires.

-       Le rôle de l’empathie et de la subjectivité dans le travail du juge.

-       La gestion des affects dans la profession juridique : avocats, magistrats, notaires, médiateurs.

3.⁠ ⁠Droit et justice émotionnelle

-       La place des émotions dans la justice restaurative et les modes alternatifs de règlement des conflits.

-       L’évolution du traitement juridique des crimes passionnels, de la vengeance et du pardon.

-       L’impact émotionnel des décisions judiciaires sur les justiciables et la société.

4.⁠ ⁠Droit et émotions à l’ère contemporaine

-       Les affects et l’opinion publique face aux grandes décisions de justice.

-       Le droit et les émotions dans les contextes numériques (réseaux sociaux, cyberjustice, discours de haine en ligne).

-       L’intelligence artificielle et la prise en compte des émotions dans les décisions juridiques automatisées.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (avec titre et résumé de 300 mots) seront adressées au professeur Rherrousse Fouzi rherrousse@hotmail.fr 

Date limite d’envoi des propositions de contributions : 15 septembre 2025

Les articles devront être rédigés en français et respecter les normes de publication qui seront communiquées aux auteurs après acceptation de leur proposition.

Nous espérons que cet ouvrage collectif permettra d’ouvrir un dialogue interdisciplinaire sur un sujet à la croisée du droit et des sciences humaines.

Confirmations d’acceptation :  30 septembre 2025

Date limite d’envoi des contributions retenues : 30 mars 2026

Date de parution de l’ouvrage : octobre 2026

Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter à rherrousse@hotmail.fr

Comité scientifique

  • ⁠M. Fouzi Rherrousse, Professeur de droit privé, Université Mohammed Premier d’Oujda
  • ⁠Mme Jahiel Ruffier-Méray, Maître de conférences Histoire du droit et des institutions, Université de Toulon