Julien Talpin, Angéline Escafré-Dublet, Virginie Guiraudon (dir.), Fighting discrimination in a hostile political environment: the case of 'colour-blind' France, Routledge, 2024, Ethnic and racial studies, 145 p.
Julien Talpin, Olivier Esteves, Alice Picard (dir.), La France, tu l'aimes mais tu la quittes: enquête sur la diaspora française musulmane, Éditions du Seuil, 2024, 307 p.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya [et alii], L'épreuve de la discrimination: enquête dans les quartiers populaires, PUF, 2023, Alpha ( Essai ), 541 p.
La France n’a pas pleinement pris la mesure de l’ampleur du racisme et des discriminations qui la traversent. Des millions d’individus subissent au quotidien micro-agressions et stigmatisation, voient leurs opportunités d’ascension sociale entravées, leur espérance de vie écourtée. À partir d’une enquête inédite dans plusieurs quartiers populaires en France, mais aussi au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, cet ouvrage analyse les conséquences du déni qui entoure les discriminations : dépression, exil, repli sur soi… Face au drame silencieux qui s’opère sous nos yeux, c’est une invitation à une prise de conscience collective. Paradoxalement, l’expérience des discriminations peut aussi nourrir des compétences et savoir-faire nouveaux, développer la capacité à agir des habitants des quartiers populaires qui se lèvent face aux violences policières, se mobilisent dans des associations ou investissent les partis politiques. On assiste ainsi peut-être à l’émergence d’une nouvelle génération militante, engagée pour l’égalité.
Julien Talpin, Samuel Hayat, Audric Vitiello (dir.), Dispositifs de la démocratie. Entre participation, délibération et représentation: entre participation, délibération et représentation, 20220e éd., Classiques Garnier Numérique, 2022, Classiques Garnier en ligne ( Bibliothèque de science politique ), 304 p.
Jane Mansbridge, dans les années 1980-2015, a apporté une contribution décisive à la théorie démocratique et aux études féministes en articulant matériau empirique et réflexion théorique. Ce livre réunit sept de ses textes fondamentaux sur la démocratie et ses dispositifs – de participation, de délibération, de représentation.
Julien Talpin, Antonio Delfini, Janoe Vulbeau, Démobiliser les quartiers. Enquêtes sur les pratiques de gouvernement en milieu populaire, 20211e éd., 2022
Si les quartiers populaires ne sont pas des déserts politiques, l'action collective y demeure fragile et fragmentée et n’a pu se constituer en mouvement social d’ampleur. Pour comprendre ce phénomène, ce livre se concentre sur les pratiques des pouvoirs publics qui contribuent à entraver ces mobilisations : disqualification des militant∙e∙s, cooptation des leaders, divisions des associations, dispersion des habitants, répression des luttes. Ici, pas de grand plan pour démobiliser, mais une articulation de pratiques disparates, de stratégies individuelles et de routines organisationnelles qui rendent toujours plus coûteuse l’action collective.
À partir d’enquêtes de terrains dans plusieurs quartiers populaires, ce livre donne à voir le sort réservé à ces territoires et le visage multiforme que prend la démobilisation. En miroir des ambitions affichées de donner du pouvoir d’agir aux habitant∙e∙s, cet ensemble de recherches témoigne des répressions qu’ils ont à affronter et du peu de place qui leur est laissée dans la maîtrise de leur destin.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya [et alii], L'épreuve de la discrimination: Enquête dans les quartiers populaires, Presses Universitaires de France et Cairn, 2022, Hors collection
La France n'a pas encore pleinement pris la mesure de l'ampleur et des incidences du racisme et des discriminations qui la déchirent. Des millions d'individus, notamment issus de l'immigration postcoloniale, subissent au quotidien micro-agressions et stigmatisation. Ils voient leurs opportunités d'ascension sociale entravée, leurs vies écourtées. Ces épreuves suscitent bien souvent colère et sentiments d'injustice. Elles poussent parfois à l'engagement des personnes qui n'y étaient pas disposées. À partir d'une enquête inédite dans plusieurs quartiers populaires en France et en Amérique du Nord, ce livre démontre les conséquences du déni de reconnaissance qui entoure les discriminations : dépression, exil, repli sur soi… Au regard du drame silencieux qui s'opère sous nos yeux, il invite à une prise de conscience collective. Mais le racisme suscite aussi des conséquences plus positives : une jeunesse se lève face aux violences policières, se mobilise dans des associations ou investit les partis politiques, en développant des savoirs et savoir-faire nouveaux, et par là son pouvoir d'agir. Peut-être est-ce l'émergence d'une nouvelle génération militante, engagée dans des luttes pour l'égalité??
Julien Talpin, Ivan Sainsaulieu, Frédéric Sawicki (dir.), La discrétion partisane: [acte de colloque, Lille 23 et 24 septembre 2021], deBoecksupérieur, 2022, 227 p.
Julien Talpin, Marion Carrel, Paula Cossart, Guillaume Gourgues, Pierre-André Juven, Vive les communes ! Des ronds-points au municipalisme, 20200e éd., 2021
Ce numéro de "Mouvements", coordonné par Marion Carrel, Paula Cossart, Guillaume Gourgues, Pierre-André Juven et Julien Talpin propose un panorama de pratiques militantes locales, communalistes, municipalistes en dressant un état des lieux critique des expérimentations mises en place sur le territoire.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya [et alii], L'épreuve de la discrimination: enquête dans les quartiers populaires, Presses universitaires de France - Humensis, 2021, Le lien social, 398 p.
Julien Talpin, Virginie Baby-Collin, Anne Clerval (dir.), Démobiliser les classes populaires, Éditions Érès, 2021, 208 p.
Julien Talpin, Bâillonner les quartiers: comment le pouvoir réprime les mobilisations populaires, Éditions les étaques, 2020, 176 p.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Simon Cottin-Marx, Ma cité s'organise., 20160e éd., 2019
Le 31 octobre 2015, une dizaine de milliers de militant-e-s des quartiers populaires défilaient dans les rues de Paris au nom de la dignité, de la justice, de l’égalité et contre le racisme. La marraine du mouvement, Angela Davis, icône du mouvement afro-américain des années 1970, incarnait cette filiation entre la lutte des minorités des deux côtés de l’Atlantique – « de Ferguson à Paris ». Dans les rangs des manifestant-e-s, on pouvait voir des militant-e-s de longue date mêlé-e-s à de jeunes activistes formé-e-s au community organizing, certain-e-s ayant fait le voyage aux États-Unis pour se familiariser avec les méthodes apparues dans les quartiers de Chicago il y a près de quatre-vingts ans.
Julien Talpin, Julien O'miel, Frank Frégosi, L'islam et la cité , 2017e éd., 2019
L'islam constitue aujourd’hui un objet conflictuel dans le champ politique français. Il serait vecteur de repli sur soi ou l’objet d’instrumentalisations politiques. Pourtant, à distance des discours globalisants présents dans l’espace public et médiatique, ce livre entend démontrer que cette religion peut constituer une ressource dans la mobilisation d’acteurs que tout prédisposait à l’apathie, dans un contexte où la laïcité contraint les formes d’engagement s’appuyant sur l’expérience religieuse. Il vise tout particulièrement à défaire les analyses qui feraient agir la « communauté musulmane » comme un seul et même groupe social homogène. En suivant les acteurs au plus près dans différents quartiers populaires, ce livre restitue les contraintes très fortes qui pèsent sur l’action collective des groupes minoritaires. À rebours d’une lecture qui n’y verrait que des revendications « communautaristes », cet ouvrage démontre que les engagements inspirés de l’islam recherchent avant toute chose l’égalité.
Julien Talpin, Marwan Mohammed (dir.), Communautarisme ?, 20180e éd., PUF, 2019, La vie des idées.fr, 107 p.
N'est pas communautariste qui croit. Cette notion renvoie à la fois à des formes d'entre-soi supposés et des revendications collectives qualifiées de particularistes ou séparatistes. Ce livre démontre à partir d'enquêtes sociologiques fouillées que ces présupposés relèvent très largement du fantasme. Non seulement les minorités ethno-raciales et les musulmans en particulier – soupçonnés généralement de communautariste – ne présentent pas des formes de sociabilité plus endogames que d'autres groupes, mais les espaces les plus homogènes socialement sont ceux des dominants, les "ghettos de riches" étant marqués par des formes d'entre-soi discrets mais efficaces.
En nous appuyant sur des études empiriques sur les liens sociaux, notamment les liens communautaires, nous montrerons que le label" communautariste" constitue avant tout un stigmate qui contraint très fortement les mobilisations des groupes minorisés en les disqualifiant via un soupçon d'illégitimité permanente qui nie leur citoyenneté. Nous insisterons sur l'exemple de la "communauté musulmane" qui n'existe ni en soi ni pour soi : elle est marquée par une forte fragmentation tout en étant façonnée par les discours stigmatisants et les jeux politiques locaux pour s'affilier des soutiens.
Nous soulignerons enfin que les mobilisations collectives de la plupart des groupes accusés de communautarisme ne portent pas des demandes particularistes, mais d'abord des revendications d'égalité de droit et de traitement face aux discriminations qu'ils subissent.
Julien Talpin, Community Organizing. De l’émeute à l’alliance des classes populaires aux Etats-Unis, 2016e éd., 2019
Julien Talpin, Julien O'Miel, Franck Frégosi (dir.), L'islam et la cité: engagements musulmans dans les quartiers populaires, Presses universitaires du Septentrion et OpenEdition, 2018
L'islam constitue aujourd’hui un objet conflictuel dans le champ politique français. Il serait vecteur de repli sur soi ou l’objet d’instrumentalisations politiques. Pourtant, à distance des discours globalisants présents dans l’espace public et médiatique, ce livre entend démontrer que cette religion peut constituer une ressource dans la mobilisation d’acteurs que tout prédisposait à l’apathie, dans un contexte où la laïcité contraint les formes d’engagement s’appuyant sur l’expérience religieuse. Il vise tout particulièrement à défaire les analyses qui feraient agir la « communauté musulmane » comme un seul et même groupe social homogène. En suivant les acteurs au plus près dans différents quartiers populaires, ce livre restitue les contraintes très fortes qui pèsent sur l’action collective des groupes minoritaires. À rebours d’une lecture qui n’y verrait que des revendications « communautaristes », cet ouvrage démontre que les engagements inspirés de l’islam recherchent avant toute chose l’égalité
Julien Talpin, Julien O'Miel, Franck Frégosi (dir.), L'islam et la cité: engagements musulmans dans les quartiers populaires, Presses Universitaires du Septentrion, 2017, Espaces politiques, 280 p.
Julien Talpin, Community organizing: de l'émeute à l'alliance des classes populaires aux États-Unis, Raisons d'agir, 2016, Cours & travaux, 311 p.
Julien Talpin, Saul David Alinsky, Jean Gouriou, François Ruffin, L'art de la guérilla sociale, Fakir éditions, 2016, Entretien, 141 p.
Les extraits de "Etre radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes" sont accompagnés d'une présentation de l'oeuvre de l'activiste américain, ainsi que d'un entretien qui transpose ses idées au XXIe siècle.
Julien Talpin, Yves Sintomer (dir.), La démocratie participative au-delà de la proximité: le Poitou-Charentes et l'échelle régionale, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2015
La démocratie participative s'est beaucoup développée depuis quelques décennies. Or, les recherches se concentrent sur des expériences locales, principalement municipales. D'autres initiatives tentent pourtant de dépasser la proximité et d'influer plus profondément sur le système politique. L'échelon régional est de ce point de vue particulièrement novateur. Le Poitou-Charentes, en particulier, apparaît comme un laboratoire démocratique particulièrement inventif. Il permet de creuser des questions centrales : comment garantir à une telle échelle la participation du plus grand nombre, et notamment des exclus du système politique représentatif ? La démocratie participative est-elle condamnée à rester cantonnée à l'échelle micro-locale, la « grande politique » relevant des professionnels de la politique ? La tension entre taille et démocratie, toujours invoquée mais rarement étudiée, se trouve au coeur de ce livre. Plusieurs cas sont passés au crible. En Poitou-Charentes tout d'abord, le Budget Participatif des Lycées (l'une des expériences les plus radicales à ce jour en Europe, tant par le nombre de participants impliqué que par les enjeux financiers en discussion) et les dispositifs impliquant le tirage au sort (un moyen potentiel de faire émerger un public régional). D'autres dynamiques régionales sont étudiées dans une perspective comparative, en France, en Andalousie, en Toscane et dans la région Lazio. Enfin, les difficultés du passage du régional au national sont abordées à travers la campagne présidentielle de Ségolène Royal en 2007
Julien Talpin, Paula Cossart, Lutte urbaine: participation et démocratie d'interpellation à l'Alma-Gare, Éditions du Croquant, 2015, Sociopo, 346 p.
la 4e de couverture indique : "Ce livre revient sur une lutte urbaine mythique des années 1970-1980 pour montrer que le remède face aux inégalités, à la xénophobie ou au conservatisme n'est pas moins mais davantage de démocratie. Dans un quartier pauvre de Roubaix, l'Alma-Gare, la mobilisation des habitants contre la destruction de leurs logements est un succès : ils redessinent les plans et donnent forme à un quartier conforme à leurs aspirations. Des expérimentations d'autogestion sont alors lancées pour organiser la vie sociale différemment. Cette histoire illustre dès lors un réel pouvoir d'agir des classes populaires. Mais à mesure que la dynamique s'étiole, le quartier devient peu à peu une zone de relégation sociale. Cet ouvrage montre comment les quartiers populaires peuvent se mobiliser, mais aussi pourquoi ils sont souvent devenus des espaces ségrégés."
Julien Talpin, Marie-Hélène Bacqué, Amélie Flamand, Anne-Marie Paquet-Deyris (dir.), "The wire": l'Amérique sur écoute, Cairn et La Découverte, 2014, 264 p.
Créée par un ancien journaliste du Baltimore Sun, David Simon, et un ancien policier, Ed Burns, et scénarisée par des grands noms du roman noir américain, la série américaine The Wire est devenue culte. S'appuyant sur des investigations de terrain de plusieurs années, elle décrit finement la réalité sociale, économique et politique des habitants du « ghetto » de Baltimore. Consacrée « meilleure ethnographie jamais réalisée de l'Amérique urbaine contemporaine » par le sociologue William Julius Wilson, saluée par Time Magazine ou le New York Post comme étant la meilleure série de l'histoire de la télévision américaine, elle est un outil efficace de discussion et de débats autour des problématiques qui parcourent les quartiers populaires. Elle sert aujourd'hui de support à de nombreux cours sur la ville ou sur les inégalités sociales aux États-unis. Pourquoi un tel succès ? Que peuvent nous apprendre les médias de masse sur la société et, ce faisant, comment interpellent-ils les sciences sociales ? Que donne à voir la série des quartiers populaires américains, au service de quel message social et politique ? Quelle en est la réception française et un The Wire hexagonal serait-il possible ? Telles sont les questions discutées par cet ouvrage pluridisciplinaire, au croisement des études cinématographiques et sérielles, de la sociologie, de l'urbanisme et de la science politique. [d'après l'éditeur]
Julien Talpin, Paula Cossart, William Keith (dir.), La participation au prisme de l'histoire, De Boeck, 2012, 238 p.
Julien Talpin, Marion Carrel, Daniel Cefaï (dir.), Ethnographies de la participation, De Boeck, 2012, 247 p.
Julien Talpin, Yves Sintomer (dir.), Démocratie délibérative, Presses de Sciences Pô, 2011, 195 p.
Julien Talpin, Yves Sintomer (dir.), La démocratie participative au-delà de la proximité: le Poitou-Charentes et l'échelle régionale, Presses universitaires de Rennes, 2011, Res publica, 183 p.
Julien Talpin, Schools of Democracy: how ordinary citizens (sometimes) become competent in participatory budgeting institutions, European University Institute, 2011, ECPR monographs, 234 p.
Julien Talpin, Une politique de la présence: les vertus éducatives de la délibération et de la participation au test des assemblées populaires argentines, 2003
Julien Talpin, Anaïk Purenne, Marion Carrel, Sümbül Kaya, Converting ordinary resistance into collective action, 20221e éd.
Les quartiers populaires sont souvent considérés comme des déserts politiques, mais peut-on identifier des mobilisations discrètes qui pourraient préfigurer des mouvements plus larges ? Au cours de notre travail de terrain dans des quartiers urbains défavorisés en France, nous avons observé différentes manières de s'opposer aux injustices quotidiennes de la discrimination. Ces pratiques diffèrent de l'infrapolitique analysée par James Scott : les acteurs manifestent des formes de publicisation plus proches de ce qu'Asef Bayat appelle "l'art de la présence". L'article part d'une analyse de ces pratiques non-organisées et examine ensuite les processus qui permettent de convertir les sentiments d'injustice en actions collectives plus structurées. A partir d'enquêtes ethnographiques menées pendant trois ans dans trois quartiers populaires en France, l'enquête met en évidence les conditions d'émergence et de publicisation de l'action collective en se concentrant sur le rôle des intermédiaires et en replaçant les mobilisations discrètes dans leur contexte institutionnel d'émergence.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Guillaume Roux, Marion Carrel, Sümbül Kaya [et alii], Pourquoi nous ? Politiser l’expérience du racisme, 20221e éd.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya [et alii], « Nous, les autres », 20210e éd.
Plan de l'article Discriminations avérées Le jeu des étiquettes Communautarisme ? Aspirations égalitaires Briser la résignation Potentiel politique
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Simon Cottin-Marx, Ma cité s’organise. Community organizing et mobilisations dans les quartiers populaires (dossier), 20160e éd.
Julien Talpin, Simon Baeckelandt, Guillaume Courty, Marc Milet, « Démocratie participative et groupes d'intérêts », Rencontres, 2024
Ce chapitre a pour objectif de questionner la confrontation des groupes d'intérêt à l'impératif participatif. La théorie délibérative, soubassement théorique du tournant participatif de l’action publique, émerge dans les années 1980 et s'est en partie construite contre les théories pluralistes et néo-corporatistes. Alors que ces dernières véhiculent une conception de la démocratie cantonnée à la représentation et à la compétition des groupes pour l'accès aux gouvernants, les tenants de la délibération défendent une conception de l'intérêt général découlant d'un échange d'arguments dans l'espace public. Le développement de l'offre publique de participation, d'abord à l'échelle locale autour de grands projets d'aménagement, a toutefois ouvert ces arènes aux citoyens profanes aux côtés des groupes d'intérêt. De hostiles à enthousiastes, de béats à critiques, la réception et l’usage de ces espaces par les groupes d’intérêts est pour le moins contrastée en fonction des acteurs et des contextes. Ces interactions ont jusqu'à présent été peu étudiées par la science politique. Le développement d'arènes délibératives nationales autour d'enjeux considérables invite pourtant à développer ce champ de recherche.
Julien Talpin, Paula Cossart, Stéphanie Dechézelles, Maurice Olive, « Une approche écologique des mobilisations. Le quartier comme support des luttes urbaines de l'Alma-Gare dans les années 1970 », Politisation du proche. Les lieux familiers comme espaces de mobilisation, 2023
Ce livre propose des enquêtes de type ethnographique, à la croisée de plusieurs champs académiques (science politique, sociologie, anthropologie, géographie), guidées par une préoccupation commune : considérer les mondes familiers comme des espaces de critique sociale et de revendication politique. Ce qu'expriment les mobilisations étudiées est la revendication de prendre part à l'action publique à partir d'une attention au proche. Elles témoignent des transformations des espaces du politique, dont elles sont une expression renouvelée plutôt que le symptôme d'une crise profonde.
Julien Talpin, « Religious Congregations as Safe Spaces: Dolores Mission Church and the Struggle for Social Justice in Los Angeles », Where Has Social Justice Gone?, 2022
Julien Talpin, « S’émanciper par la participation. Travail social, conscientisation et rapports de pouvoir », Expérimentations démocratiques : Pratiques, institutions, imaginaires, 2022
Julien Talpin, Benjamin Ferron, Emilie Née, Claire Oger, « Donner la parole, mais garder le pouvoir ? Ambiguïtés du travail de politisation dans le community organizing américain », Donner la parole aux "sans voix" ? Construction sociale et mise en discours d'un problème public, 2022
Julien Talpin, Magali Nonjon, Julien O'Miel, Thomas Aguilera, Francesca Artioli [et alii], « Quand la carte fait loi. Cadrage et légitimation statistique de la réforme de la géographie prioritaire de la politique de la ville », Les cartes de l'action publique. Pouvoirs, territoires, résistances, 2021
Julien Talpin, « La force du nombre : un impératif managérial ? Le community organizing travaillé par le tournant néolibéral », Du social business à l’économie solidaire. Critique de l’innovation sociale, 2021
Julien Talpin, Julien O'Miel, Franck Frégosi, « L’islam : un vecteur d’engagement dans les quartiers populaires ? Préface », L'islam et la cité, 2019
L'islam et la cité Engagements musulmans dans les quartiers populaires Édité par Julien Talpin, Julien O'Miel, Frank Frégosi L'islam constitue aujourd’hui un objet conflictuel dans le champ politique français. Il serait vecteur de repli sur soi ou l’objet d’instrumentalisations politiques. Pourtant, à distance des discours globalisants présents dans l’espace public et médiatique, ce livre entend démontrer que cette religion peut constituer une ressource dans la mobilisation d’acteurs que tout prédisposait à l’apathie, dans un contexte où la laïcité contraint les formes d’engagement s’appuyant sur l’expérience religieuse. Il vise tout particulièrement à défaire les analyses qui feraient agir la « communauté musulmane » comme un seul et même groupe social homogène. En suivant les acteurs au plus près dans différents quartiers populaires, ce livre restitue les contraintes très fortes qui pèsent sur l’action collective des groupes minoritaires. À rebours d’une lecture qui n’y verrait que des revendications « communautaristes », cet ouvrage démontre que les engagements inspirés de l’islam recherchent avant toute chose l’égalité.
Julien Talpin, Daniel Sabbagh, Maud Simonet, « Faire campagne aux États-Unis et en France. Engagement militant et structuration partisane lors des élections présidentielles de 2012 », Univers anglophones, 2019
Julien Talpin, Min Reuchamps, Jane Suiter, « How can constitutional reforms be deliberative? The hybrid legitimacies of constitutional deliberative democracy », Constitutional Deliberative Democracy, 2019
Julien Talpin, Laurence Morel, Matt Qvortrup, « Do referendums make better citizens? The effects of direct democracy on political interest, civic competence and participation », The Routledge Handbook to Referendums and Direct Democracy, 2019
Julien Talpin, Sandrine Lévêque, Anne-France Taiclet, « Le clientélisme en campagne. La fragile mobilisation des réseaux socialistes lors des élections municipales de 2014 dans une ville du Nord de la France », À la conquête des villes. Sociologie politique des élections municipales de 2014 en France, 2019
Julien Talpin, Layla Baamara, Camille Floderer, Marine Poirier, « De nouvelles "machines politiques" ? Comment les organisations communautaires investissent les campagnes référendaires en Californie », Faire campagne ici et ailleurs. Mobilisations électorales et pratiques politiques ordinaires, 2019
À partir d’observations menées sur des terrains géographiquement, politiquement et sociologiquement diversifiés, ce livre entend rendre compte à la fois du temps long et des logiques de situation dans lesquels s’inscrivent les processus politiques et sociaux de mobilisation électorale.
Julien Talpin, Marion Carrel, « Remobiliser les habitants des quartiers populaires par la lutte contre les discriminations ? », Les classes populaires à l’écart du politique ?
Plan du chapitre :-Abstention et orientation à gauche des quartiers populaires-Expérience des discriminations et politisation ordinaire des banlieues-Quand la discrimination suscite l’engagement-La gauche et l’engagement contre les discriminations : entre indifférence et répression-Construire l’alliance des classes populaires autour d’une aspiration commune à l’égalité ?
Julien Talpin, Tristan Haute, Marie Neihouser, Camille Kelbel, Thomas Soubiran [et alii], « Variables lourdes et effets de voisinage. Retours sur une enquête à la sortie des urnes à Roubaix », Revue française de science politique, 2024, n°2023-04-01
Cet article mobilise une méthode particulière d’analyse des choix électoraux : une enquête à la sortie des urnes à vocation représentative menée lors de l’élection présidentielle de 2022 dans la ville de Roubaix, un territoire à la fois populaire et inégalitaire. Notre enquête a porté sur 35 des 45 bureaux de vote de la ville (4 266 questionnaires). Nous expliquons dans un premier temps qu’il est possible de contenir les biais associés aux enquêtes à la sortie des urnes. Nous présentons ensuite la manière dont ce dispositif permet une étude fine des déterminants sociaux du vote en milieu populaire. Nous montrons enfin que le caractère localisé du dispositif permet de documenter, autrement que par l’intermédiaire de données agrégées, l’existence d’effets de voisinage.
Julien Talpin, Ivan Sainsaulieu, Frédéric Sawicki, « From party discredit to party discretion », Politix, 2024, n°2023-02-13
La littérature sur les partis politiques est dominée par la question de leur perte de légitimité et d’ancrage social. Sans nier le discrédit dont ils sont l’objet et qui se traduit notamment par l’émergence de nouvelles formes d’entreprises électorales, cet article introductif plaide pour un glissement de la question du discrédit vers celle de la discrétion, glissement qui permet à la fois d’éviter de considérer le discrédit comme un phénomène nouveau et univoque et de concevoir les partis comme passifs à son égard. La question de la discrétion partisane permet d’abord d’interroger la façon dont les responsables et les militants de ces nouvelles entreprises politiques mais aussi des partis installés s’arrangent avec les formes contemporaines de discrédit assez radical qu’ils co-produisent ou qu’ils subissent. Elle permet aussi, en s’interrogeant sur les formes prises par la discrétion partisane hier et aujourd’hui, de souligner que les stratégies discrètes caractérisent également une grande variété de situations (risques de répression, désarmement de la critique adverse, affichages modulés en fonction de compromis sociaux…) et concernent souvent des territoires où la domination des partis est bien établie. Recontextualisée, la discrétion n’apparaît pas seulement comme la forme standard de la politique « professionnelle » contemporaine, mais comme un ensemble de tactiques et de stratégies qui résultent de la tension qui traverse tout parti, pris entre son ou ses dedans et ses dehors.
Julien Talpin, Pierre Bonnevalle, « Funding associations and local politics: a study of public subsides granted to associations in le Nord », Gouvernement et Action Publique, 2024, n°2023-07-18
Quel est le poids des facteurs politiques dans l’allocation des financements associatifs ? Dans quelle mesure le soutien apporté ou retiré à certains acteurs associatifs est-il guidé par une rationalité politique plutôt que technique ou gestionnaire ? Ces questions n’ont, à ce jour, suscité que peu de travaux empiriques, les associations étant souvent délaissées par les recherches sur le clientélisme ou les études de l’action publique locale, si ce n’est pour souligner leur contribution à la « participation citoyenne ». À partir d’une étude systématique de l’ensemble des subventions attribuées par la Ville de Roubaix sur une période de dix ans, cet article interroge la carrière financière des associations et leur dépendance éventuelle aux cycles électoraux et aux vicissitudes du jeu politique. Complétées par un matériau qualitatif, ces données donnent à voir la relative inertie de financements détachés de considérations politiques, et ce faisant la relative rareté de pratiques qui pourraient être labellisées comme du « clientélisme associatif ». L’enquête donne néanmoins à voir certains mécanismes de récompenses et de sanctions – notamment financières – qui contribuent à l’entretien du pouvoir local et à la mise à distance du politique par les associations.
Julien Talpin, « L’État reprend la main », Revue Projet, 2024, n°2023-09-14
En mettant en cause les libertés associatives, le gouvernement affiche sa volonté de dépolitiser les associations. Celles-ci jouent pourtant le rôle fondamental de contre-pouvoir dans nos démocraties.
Julien Talpin, « Au-delà de la proximité ? Le tirage au sort, la démocratie participative et les transformations de la démocratie locale », Administration, 2024, n°2023-04-11
Dans le sillage de la Convention citoyenne pour le climat, le tirage au sort s’est diffusé ces dernières années au sein de la société française. Les collectivités locales ont de plus en plus fréquemment recours à des dispositifs délibératifs et des assemblées citoyennes comme moyen de répondre à la crise démocratique et renforcer la proximité entre élus et citoyens. Si les résultats de ces expérimentations sont à ce jour mitigés, ils dessinent la voie d’une nécessaire rénovation démocratique.
Julien Talpin, Angéline Escafré-Dublet, Virginie Guiraudon, « Fighting discrimination in a hostile political environment: the case of “colour-blind” France », Ethnic and Racial Studies, 2024, n°2023-01-10
Cette introduction traite des réponses à la discrimination ethno-raciale dans un environnement politique hostile, à savoir la France, où l'on ne tient pas compte de la couleur de la peau.
L'article présente les caractéristiques actuelles du cas français, y compris les données mesurant la discrimination ethnoraciale. Nous soulignons le rôle central des institutions de l'État et de leurs agents dans la disqualification des revendications des minorités, mais aussi le récent virage contre l'Islam et l'hostilité à l'égard des nouveaux mouvements de lutte contre le racisme structurel. Nous discutons de la manière dont ce daltonisme limite à la fois les politiques publiques et les mouvements locaux. Nous examinons les conséquences pour les individus victimes de discrimination et les collectifs qui luttent contre celles-ci. Nous soulignons les différentes stratégies qu'ils adoptent, telles que la discrétion, la mobilisation infrapolitique et le
le recadrage tactique.
Julien Talpin, Anaïk Purenne, Marion Carrel, Sümbül Kaya, « Converting ordinary resistance into collective action: Visibility struggles, discreet antiracist mobilisations and intermediation work in the French banlieues », European Journal of Cultural and Political Sociology, 2024, n°2022-12-12
Les quartiers populaires sont souvent considérés comme des déserts politiques, mais peut-on identifier des mobilisations discrètes qui pourraient préfigurer des mouvements plus larges ? Au cours de notre travail de terrain dans des quartiers urbains défavorisés en France, nous avons observé différentes manières de s'opposer aux injustices quotidiennes de la discrimination. Ces pratiques diffèrent de l'infrapolitique analysée par James Scott : les acteurs manifestent des formes de publicisation plus proches de ce qu'Asef Bayat appelle "l'art de la présence". L'article part d'une analyse de ces pratiques non-organisées et examine ensuite les processus qui permettent de convertir les sentiments d'injustice en actions collectives plus structurées. A partir d'enquêtes ethnographiques menées pendant trois ans dans trois quartiers populaires en France, l'enquête met en évidence les conditions d'émergence et de publicisation de l'action collective en se concentrant sur le rôle des intermédiaires et en replaçant les mobilisations discrètes dans leur contexte institutionnel d'émergence.
Julien Talpin, Ivan Sainsaulieu, « Introduction. The discreet mobilisations of working-class and subaltern groups », European Journal of Cultural and Political Sociology, 2024, n°2023-01-02
Les mouvements sociaux sont visibles et bruyants. C'est en perturbant publiquement et visiblement l'ordre social et politique qu'ils peuvent provoquer un changement social. L'existence des réseaux sociaux a contribué à faire connaître des causes ou des groupes invisibilisés ou marginalisés, comme le hashtag "Black Lives Matter" aux États-Unis. Les mouvements d'occupation visent également à imposer dans la sphère publique la présence et les revendications de certains groupes, comme les victimes de la crise financière et immobilière à l'origine du mouvement 15M en Espagne. Pour sensibiliser à leur cause, le mouvement altermondialiste ou Global Justice Movement a également eu recours à des tactiques spectaculaires pour attirer l'attention des politiques et des médias. La visibilité fait donc partie intégrante de la lutte pour la justice sociale. Plus largement, depuis les Lumières, la publicité a été conceptualisée comme une condition nécessaire à l'émancipation, pour sortir de l'ombre et des placards de la tradition et de l'obscurantisme. Cette focalisation sur les luttes pour la visibilité et la publicité soulève toutefois un certain nombre de problèmes que nous abordons dans cet article. Tout d'abord, se concentrer sur les mouvements visibles conduit à n'étudier que la face visible de l'iceberg, les mouvements qui sont devenus suffisamment forts ou significatifs pour attirer l'attention des médias, de la politique et des sciences sociales. Or, nous savons que les organisations intermédiaires classiques telles que les syndicats, les associations à but non lucratif ou les partis politiques sont de moins en moins capables d'appréhender, de coordonner et d'organiser l'agitation sociale, de sorte qu'elles sont fréquemment dépassées par des poussées de colère plus spontanées et inattendues : le mouvement des Gilets jaunes en France ou le mouvement anti-COVID-19 en Europe illustrent bien ce phénomène de désinstitutionnalisation des mobilisations. Un océan de pratiques cachées ou discrètes risque donc de rester sous le radar si la recherche ne se concentre que sur les mouvements ou organisations les plus visibles.
Julien Talpin, Guillaume Roux, « The experience of discrimination and citizenship: A study with inhabitants of French banlieue neighborhoods », Appartenances & Altérités, 2024, n°2023-03-01
Cet article porte sur l’expérience des discriminations et de la stigmatisation ethno-raciales qui surviennent dans le cadre des rapports ordinaires aux institutions publiques : la police et l’école, voire les politiques urbaines. Il vise à documenter l’ampleur et la nature de ces expériences, et à montrer comment est-ce qu’elles participent des rapports ordinaires à l’État et à la citoyenneté. L’article mobilise les études existantes et plus spécifiquement, des résultats issus d’une enquête collective par entretiens biographiques conduits dans six quartiers populaires en France et trois à l’étranger entre 2017 et 2018 (245 entretiens). Nous présentons d’abord les apports des recherches surtout qualitatives qui documentent l’expérience des discriminations institutionnelles dans différents contextes nationaux. Nous montrons ensuite comment les discriminations institutionnelles liées à l’action publique participent des processus d’identification et du rapport à l’État des membres de minorités ethno-raciales. Ce faisant, l’article précise les défis et enjeux méthodologiques de l’étude des expériences discriminatoires, et la stratégie d’analyse empirique des entretiens ou « d’administration de la preuve ».
Julien Talpin, « The struggle against Islamophobia? Tactical differences, institutional framing, and demobilization of Muslim activism at the local level », Sociétés contemporaines, 2024, n°2023-02-06
Comprendre la relative rareté des mobilisations contre l’islamophobie requiert d’aller au-delà d’une analyse d’une structure des opportunités politiques défavorable et de saisir à un niveau microsociologique le travail de mobilisation d’acteurs intermédiaires qui cherchent à convertir certains sentiments d’injustice en action collective. Cet article propose une telle investigation à partir d’une enquête localisée dans la ville de Roubaix et le suivi ethnographique de deux acteurs collectifs centraux : les lieux de culte et les associations qui luttent contre la stigmatisation des musulmans. Pour des raisons opposées – la reconnaissance institutionnelle dans un cas, la disqualification dans l’autre – ces acteurs ne parviennent pas ou plus à se constituer en opérateurs efficaces de mobilisation contre l’islamophobie. Alors que les mosquées roubaisiennes se sont fédérées en réaction à une controverse jugée islamophobe, elles ont noué des relations harmonieuses avec les pouvoirs publics – de droite comme de gauche – permettant la construction de plusieurs édifices d’ampleur et une reconnaissance de leur place dans la ville, mais les éloignant de toute logique contestataire. Les associations plus militantes en revanche, si elles ont un temps bénéficié de financements publics, ont vite été attaquées pour leur « communautarisme » supposé, les controverses successives contribuant à leur marginalisation. Les trajectoires de ces collectifs permettent de comprendre la démobilisation constatée sur le terrain en dépit d’une politisation diffuse liée à la stigmatisation croissante des musulmans.
Julien Talpin, Marion Carrel, Paula Cossart, Guillaume Gourgues, Pierre-André Juven, « Editorial. La révolution commence-t-elle par le local ? Expérimentations communales et dilemmes stratégiques », Mouvements : des idées et des luttes, 2023, n°2020
« Ensemble, créons l’Assemblée des assemblées, la Commune des communes. C’est le sens de l’Histoire, c’est notre proposition », appelait l’assemblée des Gilets jaunes de Commercy les 26 et 27 janvier 2019. Faire de la commune un foyer d’action directe : le mot d’ordre n’est pas nouveau, mais les pratiques qui s’en réclament connaissent aujourd’hui un nouvel élan. Aux XIXe et XXe siècles déjà, ces pratiques de combats anticapitalistes et démocratiques « par le bas » avaient ouvert des cycles d’expérimentations et de controverses : municipalisme ouvrier, utopies communautaires cabétiennes, expériences fouriéristes, communautés de travail, etc. Ces pratiques prolifèrent de nouveau aujourd’hui, sans toutefois toujours se connaître et dialoguer : l’investissement des ronds-points par les Gilets jaunes, qui réinventent les formes de solidarité locales du mouvement ouvrier en créant leurs maisons du peuple, leurs bourses du travail et leurs assemblées ; les projets de prise du « pouvoir municipal » par des listes citoyennes ; les politiques engagées par les élu.es locales et locaux qui rompent avec le néolibéralisme en remunicipalisant les services publics de l’eau ou des transports ; l’occupation de bâtiments par des collectifs qui prennent en charge des biens communs comme à Naples ou Barcelone ; les luttes des habitant.es des quartiers populaires qui combattent la violence d’État, réclament l’égalité des droits et construisent des rapports de force directs pour changer leur vie. Du mouvement zapatiste du Chiapas au confédéralisme démocratique du Rojava, des luttes précurseures contre l’exploitation du gaz de schiste en Algérie aux « municipalités du changement » à Madrid, de la ZAD à Commercy en passant par Saillans, un espoir de transformation sociale par le bas se fait jour ces dernières années. Le lieu où l’on vit, qu’il s’agisse d’un village ou du quartier d’une ville, devient l’espace possible d’une réappropriation populaire de l’autonomie, tant politique que sociale, et le domaine d’expression de résistances à des logiques nationales et supranationales (néolibéralisme, réchauffement climatique, avancée des fascismes).
Julien Talpin, Guillaume Roux, Anaïk Purenne, « Expérience des discriminations et citoyenneté : Enquête auprès d’habitants de quartiers populaires », 2023
Introduction « Le sentiment d’être discriminé, écrit Pierre Rosanvallon, n’existe pas dans les sociétés fondées sur une hiérarchie instituée des conditions. Le manant du Moyen-Âge pouvait se lamenter sur son triste sort et se révolter sporadiquement, mais, d’une certaine façon, il avait intégré la position inférieure qui était la sienne » (Rosanvallon 2021 : 98). L’idée de discrimination émerge, de fait, avec l’essor de l’idée d’une « société des égaux », dans laquelle l’État et ses instituti...
Julien Talpin, Guillaume Roux, Anaïk Purenne, « The experience of discrimination and citizenship: A study with inhabitants of French banlieue neighborhoods », 2023
Introduction “The feeling of being discriminated against, writes Pierre Rosanvallon, does not exist in societies based on an established hierarchy of conditions. The peasant in the Middle Ages could lament his sad fate and occasionally revolt but had essentially come to terms with his inferior position” (Rosanvallon 2021: 98). The idea of discrimination emerges, de facto, with the rise of the idea of a “society of equals”, in which the state and its institutions determine to a large extent th...
Julien Talpin, Hélène Balazard, Guillaume Roux, Marion Carrel, Sümbül Kaya [et alii], « Pourquoi nous ? Politiser l’expérience du racisme », Mouvements, 2022, n°2022-11-28
Julien Talpin, Clément Petitjean, « Tweets and Doorknocks. Differentiation and Cooperation between Black Lives Matter and Community Organizing », Perspectives on Politics, 2022, n°2022-06-20
Julien Talpin, « Why French racial minorities do not mobilize more often. Disempowerment, tactical repertoires and soft repression of antiracist movements », Ethnic and racial studies, 2022, n°2022-02-14
Julien Talpin, Martin Baloge, François Briatte, nicolas Bué, Fabien Desage [et alii], « Présidentielle 2022 à Roubaix : Les déterminants sociaux du vote populaire ont-ils vraiment changé ? », https://metropolitiques.eu/Presidentielle-2022-a-Roubaix-les-variables-lourdes-du-vote-sont-presque.html, 2022, n°2022-07-11
Julien Talpin, Donna Murch, Clément Petitjean, « Généalogies politiques, contradictions et horizons du mouvement Black Lives Matter », Mouvements, 2022, n°2022-10-18
Donna Murch est une historienne états-unienne, spécialiste du Parti des Black Panthers et des mouvements de libération noire aux États-Unis. Elle a récemment publié Assata Taught Me [1], un recueil d’essais où elle revient sur la généalogie du mouvement Black Lives Matter, ses liens avec des luttes plus anciennes et les défis, notamment d’institutionnalisation, auxquels il est confronté dans un contexte de réactions violentes de la droite. Autant de sujets que nous avons pu aborder avec elle au cours d’un entretien.
Julien Talpin, Tanya Hernandez, Patrick Simon, Clément Petitjean, « La théorie critique de la race sous pression : actualité de la justice raciale après Trump », Mouvements, 2022, n°2022-10-18
Tanya Hernandez est professeure de droit à l’université Fordham à New York où elle enseigne le droit anti-discrimination comparé, la Critical Race Theory (CRT : Théorie Critique de la Race), l’étude des biais implicites et du harcèlement sexuel. Son parcours académique est étroitement mêlé avec ses engagements militants contre le racisme anti-noir aux États-Unis et en Amérique latine. Elle vient de publier Racial Innocence : Unmasking Latino Anti-Black Bias and The Struggle for Equality où elle explore les racines et expressions du racisme anti-noir dans les milieux latinos. Mouvements l’a rencontré pour parler de l’actualité de la Critical Race Theory, ses potentialités au service de l’émancipation et des attaques dont elle fait l’objet avec la réaction trumpiste.
Julien Talpin, Antonio Delfini, « Rapports État-associations : un tournant autoritaire dans la France contemporaine ? », Alternatives humanitaires, 2022, n°2022-07
Julien Talpin, Guillaume Gourgues, Alice Mazeaud, Héloïse Nez, Jessica Sainty, « Les Français veulent-ils plus de démocratie ? Analyse qualitative du rapport des citoyens à la politique », Sociologie, 2021, n°2021-03-22
Le mouvement des Gilets jaunes a été l'occasion d'ouvrir un débat, en France, sur les aspirations démocratiques des citoyens. Cet élément contextuel récent remet en lumière certaines controverses scientifiques concernant les ressorts de la désaffection des gouvernés vis-à-vis des institutions politiques dans les sociétés contemporaines, sur lesquelles nous avons conduit en 2014-2015 une enquête qualitative par focus groups. En reproduisant une partie du dispositif d'enquête mis au point par John Hibbing et Elizabeth Theiss-Morse (2002) aux États-Unis dans Stealth Democracy, nous montrons que les perceptions que les citoyens ont de la démocratie dépendent fortement de la classe sociale, du niveau d'engagement et des orientations politiques. S'il ressort de nos focus groups un profond mécontentement à l'encontre du système démocratique, ainsi qu'une critique sévère des élites et partis politiques, la démocratie représentative apparait toutefois comme un horizon indépassable, auquel se résignent les citoyens.
Julien Talpin, Virginie Baby-Collin, Anne Clerval, « Éditorial. Démobiliser les classes populaires », Espaces et sociétés, 2021, n°2021-11-23
Les violences policières et les opérations de maintien de l’ordre lors des mobilisations sociales ont acquis une visibilité sans précédent dans le débat public ces dernières années. Des manifestations contre la loi Travail en 2016 au mouvement des Gilets jaunes, de la mort de Rémi Fraisse à cause d’une grenade de désencerclement à Sivens en 2014 aux mobilisations antiracistes à l’initiative du comité La vérité pour Adama en juin 2020, les pratiques policières et la répression de l’action collective ont fait l’objet de débats et de controverses, le plus souvent pour interroger leur légitimité, étant ainsi constituées en problème public. Ces phénomènes commencent à donner lieu à des travaux de sciences sociales visant à documenter les modalités et conséquences de ces pratiques répressives tant sur l’espace (Bony, Froment-Meurice et -Lecoquierre, 2021) que sur les mobilisations et les militant-e-s (Codaccioni, 2019 ; Fillieule et Jobard, 2020). Ce numéro d’Espaces et Sociétés, nourri par ce contexte et mû par ces interrogations démocratiques, procède néanmoins à un triple décalage par rapport à la façon dont la question de la répression a été pensée et conceptualisée par les sciences sociales, permettant, nous l’espérons, d’éclairer sous un nouveau jour ces problématiques. Pour commencer, il dépasse la seule répression en s’intéressant aux différentes dimensions de la démobilisation. Ensuite, il se concentre sur les mobilisations des classes populaires. Enfin, il explore la dimension spatiale de la démobilisation des classes populaires.
Julien Talpin, Antonio Delfini, Nabil Elfaouz, « Domestiquer la critique. La restriction des libertés associatives dans la France contemporaine », Délibérée, 2021, n°2021-12-10
Le climat répressif qui sévit depuis plusieurs années, encore accentué par la crise sanitaire, n’aura échappé à personne. Mais, outre les atteintes au droit de manifester, à celui d’aller et venir, une atteinte à une autre liberté fondamentale se fait à bas bruit et devrait sans doute attirer davantage notre attention : la liberté de se constituer en association, de se réunir et d’agir en son nom afin d’en promouvoir les objectifs. Les dissolutions récemment prononcées ont certes visibilisé ce phénomène, mais dans sa seule dimension paroxystique. Antonio Delfini, Nabil Elfaouz et Julien Talpin, membres de l’Observatoire des libertés associatives ont accepté de cartographier pour Délibérée les différentes atteintes et leurs effets.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Samir Hadj Belgacem, Sümbül Kaya [et alii], « Nous, les autres », Revue Projet, 2021, n°2021-07-05
Dans les quartiers populaires, le racisme ordinaire façonne les subjectivités et le rapport au politique des individus. Deux ans d’enquête sociologique soulignent avant tout une aspiration à l’égalité.
Julien Talpin, Lorenzo Barrault-Stella, « Being represented. The relationship of representation from the perspective of citizens », Participations, 2021, n°2021-12-07
Résumé : Cet article introductif prend le parti de l’interdisciplinarité pour questionner à
nouveaux frais la relation de représentation politique du point de vue des représenté·es. En
prenant appui sur le renouveau constructiviste de l’analyse de la représentation en théorie
politique, les auteurs proposent un regard de sociologie politique sur la réception des prétentions à la représentation par les groupes sociaux censés être représentés. Ancrant l’analyse dans le prolongement des controverses autour de la défiance politique des citoyen·nes et de celles relatives aux impensés des études sur le travail politique, ils suggèrent combien saisir le rapport des représenté·es à leurs représentant·es nécessite de s’intéresser prioritairement à leurs pratiques, soulignant les apports d’approches empiriques intensives à même de ne se pas se limiter à enregistrer des discours et des représentations. La mise en relation dans le dossier d’études de cas relatives à des groupes et contextes socio-spatiaux contrastés en France met en exergue des régularités dans les conditions d’identification à des représentant·es politiques et souligne comment diverses inégalités sociales, genrées et ethno-raciales se réfractent dans l’ordre politique. Au final, le sentiment de représentation semble davantage structuré par ce que font les représentant·es que par ce qu’elles et ils sont, ce résultat témoignant de l’intériorisation relative des cadres légitimes pour penser la représentation dans la société française.
Julien Talpin, Guillaume Gourgues, Alice Mazeaud, Héloïse Nez, Jessica Sainty, « Les Français veulent-ils plus de démocratie ? Analyse qualitative du rapport des citoyens à la politique », 2021
Depuis quelques années en France, les aspirations des citoyens à une refonte des institutions démocratiques sont âprement débattues tout en demeurant ambivalentes. D’un côté, la revendication du référendum d’initiative citoyenne (RIC) portée par une large partie du mouvement des Gilets jaunes ou la récente tenue de la Convention citoyenne sur le climat laissent penser que ces aspirations gagnent la population française. D’un autre côté, les chiffres toujours plus élevés de l’abstention électo...
Julien Talpin, Remi Lefebvre, Guillaume Petit, « Local councilors and public participation. Sociology of a category of elected representatives between functional specialization and positional subordination », Participations, 2021, n°2020-03-04
Les délégations municipales à la démocratie participative se sont banalisées depuis deux décennies, mais on manque encore d’études systématiques de ce phénomène. À partir d’une description d’ensemble et d’entretiens, l’article analyse ces adjoint·es, afin de restituer leurs caractéristiques sociales et politiques et les logiques de la fonction. Celle-ci s’avère peu valorisée, et ces élu·es oscillent entre spécialisation fonctionnelle et misère positionnelle. Une majorité ne signale pas d’appétence particulière en matière de participation, malgré des dispositions repérables. Nous décrivons quatre types d’élu·es : indifférents, croyants managériaux, croyants militants et opposants, dont l’évolution, d’ensemble et dans les trajectoires, constitue un enjeu de recherche.
Julien Talpin, « Plongée dans une église jésuite californienne », Revue Projet, 2021, n°2020
L’église Dolores Mission se situe dans le quartier de Boyle Heights, centre historique de la communauté mexicaine dans l’Est de Los Angeles. Longtemps considéré comme un des quartiers les plus déshérités de l’Ouest des États-Unis, les gangs s’y sont violemment affrontés dans les années 1980-1990. Église catholique de tradition jésuite, historiquement nourrie par la théologie de la libération, l’église suit le modèle des « communautés de base », ces espaces de discussion et d’appropriation du message biblique. On y repère une forte participation des classes populaires, y compris aux actions les plus politiques. Quels sont les ressorts d’un tel engagement ? C’est pour répondre à cette question que je me suis immergé, pendant plusieurs années, au sein de cette église.
Julien Talpin, Marion Carrel, Paula Cossart, Guillaume Gourgues, Pierre-André Juven, « La révolution commence-t-elle par le local ? Expérimentations communales et dilemmes stratégiques », 1c372161-4efc-4ff5-9117-6f8acdf91cd4, 2021, n°2020
Julien Talpin, Nicolas Kaciaf, « S'engager sans politiser. Sociologie du journalisme dans la ville la plus pauvre de France », La politique en représentations, 2019, n°2016-12-01
Julien Talpin, « ¿Democratiza el sorteo la democracia? Cómo la democracia deliberativa ha despolitizado una propuesta radical », Daimon, Revista Internacional de Filosofía, 2019, n°2017-12-01
Julien Talpin, « The Americanization of French Social Movements? Community Organizing and its Discontents in the Banlieues », Métropolitiques.eu, 2019, n°2017-06-29
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Simon Cottin-Marx, Yves Jouffe, « Éditorial. Ma cité s’organise. Community organizing et mobilisations dans les quartiers populaires », 09c88846-db32-4c04-8fe0-bd9e5997695e, 2019, n°2016
Le 31 octobre 2015, une dizaine de milliers de militant-e-s des quartiers populaires défilaient dans les rues de Paris au nom de la dignité, de la justice, de l’égalité et contre le racisme. La marraine du mouvement, Angela Davis, icône du mouvement afro-américain des années 1970, incarnait cette filiation entre la lutte des minorités des deux côtés de l’Atlantique – « de Ferguson à Paris ». Dans les rangs des manifestant-e-s, on pouvait voir des militant-e-s de longue date mêlé-e-s à de jeunes activistes formé-e-s au community organizing, certain-e-s ayant fait le voyage aux ÉtatsUnis pour se familiariser avec les méthodes apparues dans les quartiers de Chicago il y a près de quatre-vingts ans. Pourquoi cette nouvelle génération politique s’est-elle davantage nourrie de la lutte pour les droits civiques, des actions de Malcom X ou de Saul Alinsky – un des inventeurs du community organizing – que des écrits de Marx ou de Trotsky ? Les États-Unis, ce pays où les inégalités sociales sont plus fortes que jamais, où les minorités raciales sont discriminées, incarcérées – sans parler de leur assassinat par la police – pourraient-ils inspirer un renouveau du militantisme dans les banlieues françaises ?
Julien Talpin, « Le jour où toi et moi on sera vraiment égaux, j’irai voter . Évitement des discriminations raciales et (dé)mobilisation politique des groupes minorisés », Questions de communication, 2019, n°2016-12-01
Les normes qui structurent les interactions discursives dans l'espace public façonnent également les mobilisations citoyennes. En France, la difficulté de parler publiquement des discriminations raciales contraint les formes de mobilisation qui visent à faire participer les citoyens à la vie de la cité. À partir d'une enquête ethnographique menée dans la ville de Roubaix, et du suivi de plusieurs initiatives visant à lutter contre l'abstention, l'article réinvestit par le bas la question des effets des jeux de cadrage sur les dynamiques d'action collective. Dans ce cas, l'écart observé entre un cadre civique et un cadre racialisé contraint les initiatives de mobilisations électorales, qui résonnent peu avec l'expérience ordinaire des acteurs. Alors que le premier rappelle que le vote est un devoir civique, le second souligne qu'une des conditions de la citoyenneté est l'égalité de traitement entre tous les membres de la communauté politique. Ce faisant, l'article démontre que les échanges communicationnels dans l'espace public ont des conséquences pratiques très concrètes.
Julien Talpin, Jim Cohen, « Face à Trump, quel avenir pour la gauche aux États-Unis ? », Mouvements, 2019, n°2017
La gauche américaine a connu un moment historique de visibilité en 2016 grâce à la campagne de Bernie Sanders dans les élections primaires. Suite à l'élection de Donald Trump elle oscille aujourd'hui entre découragement et mobilisation. Comment résister à la vague réactionnaire, inverser la droitisation du pays et constituer des majorités politiques vectrices de justice sociale ? Ces questions stratégiques auxquelles est désormais confrontée la gauche américaine ne sont pas sans rapport avec celles qui sont posées aux gauches européennes. Grâce à un système de scrutin archaïque datant du XVIII e siècle, qui rend possible la victoire d'un candidat ayant obtenu 2,9 millions de voix de moins que son adversaire, Donald Trump a été élu 45 e président des États-Unis le 8 novembre dernier et est entré en fonction le 20 janvier 2017. Hillary Clinton, favorite des sondages, a perdu non seulement dans des Etats dont on savait que le résultat serait serré (Caroline du Nord, Floride, Ohio, Wisconsin) mais aussi dans des États sur lesquels les Démocrates pouvaient compter depuis des décennies (Michigan, et surtout la Pennsylvanie). Dans ces Etats, la mobilisation en faveur de la candidate démocrate a été insuffisante face à Trump, qui a su faire appel à des couches sociales fragilisées dans des zones sinistrées par la désindustrialisation. Le cinéaste militant Michael Moore, originaire du Michigan, ne s'est pas laissé influencer par les sondages et avait compris bien avant d'autres ce qui risquait de se passer 1. Cette défaite remet en cause le choix centriste et néolibéral du Parti démocrate de confier son avenir à une candidate adoubée par Wall Street, qui n'aura jamais été en mesure de prendre en compte la colère des perdants de la mondialisation. L'alliance sur laquelle s'appuyait Hillary Clinton – rassembler les minorités et les classes moyennes éduquées – s'est avérée insuffisante pour constituer une majorité électorale. C'est dès lors la question de la stratégie et du projet de la gauche américaine qui est en jeu.
Julien Talpin, « La représentation comme performance. Le travail d’incarnation des classes populaires au sein d’organisations communautaires à Los Angeles », Revue française de science politique, 2019, n°2016
La représentation descriptive a souvent été conceptualisée comme relevant de l’alternative entre politique des idées et politique de la présence. Cet article avance que la légitimité des pratiques de représentation de groupes historiquement marginalisés requiert surtout une performance interactionnelle de la part des représentants, qui doivent incarner le groupe par leurs pratiques, ce qui se traduit par une série d’épreuves publiques. Cette approche dramaturgique est explorée à partir de l’étude d’organisations communautaires américaines qui prétendent faire parler les classes populaires, et ce faisant, les unifier par-delà les clivages de race et de classe qui les traversent. Appréhender la représentation comme une série d’épreuves permet de la saisir non comme une usurpation unilatérale mais comme un processus interactif et contingent, qui peut s’avérer politiquement inclusif ou excluant.
Julien Talpin, « Political Campaigns and Civic Culture. Comparing Canvassing and Party Structures in the Frenchand American 2012 Presidential Campaigns », 7ca89e13-d2a7-49d0-b79f-27dec0e865a9, 2019, n°2016-01
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel, Simon Cottin-Marx, « Ma cité s’organise. Community organizing et mobilisations dans les quartiers populaires (dossier) », Mouvements, 2019, n°2016
Julien Talpin, « What’s the matter with the “banlieues”? Exploring the importation of the American community organizing tradition by French social movements », Metropolitics.eu, 2019, n°2017-06-22
Julien Talpin, « Quelle place pour les blancs dans les mouvements anti-racistes ? Expériences américaines, réflexions françaises », Contretemps, 2019, n°2017
Julien Talpin, « Des mouvements sans lendemain? Occupy, Nuit debout et le devenir des luttes sectorielles », Mouvements, 2019, n°2016-04-29
Julien Talpin, « Améliorer le quartier ou changer la société ? À propos de deux expériences contrastées de community organizing à l’échelle californienne », Mouvements, 2019, n°2016
L’histoire du community organizing est pleine de récits héroïques et de victoires improbables. Pourtant, plus de soixante-dix ans après son émergence, les inégalités sont plus fortes que jamais aux États-Unis et la pauvreté n’a jamais été aussi importante. En se concentrant sur des campagnes gagnables, les organisations communautaires ne laissent-elles pas de côté les questions plus structurelles, à l’origine de la marginalisation sociale des habitants des quartiers populaires ? Ne sont-elles pas d’énièmes agents de la paix sociale, améliorant à la marge le sort des plus déshérités sans le transformer en profondeur ? Ces interrogations conduisent surtout à mettre en cause le localisme qui a parfois caractérisé le community organizing. Les deux campagnes présentées dans cet article indiquent de quelle façon de vastes coalitions se structurent au-delà de l’échelle locale pour s’attaquer à certains enjeux structurants. Un dilemme semble pourtant apparaître : la prise de distance avec le localisme s’accompagne également d’une plus faible prise des participants sur le devenir des revendications. Faudrait-il faire l’économie de la démocratie pour exercer un réel pouvoir ?
Julien Talpin, Hélène Balazard, « Community organizing : généalogie, modèles et circulation d’une pratique émancipatrice », Mouvements, 2019, n°2016
Le community organizing cherche à mobiliser un public large et diversifié pour obtenir des changements sur des enjeux tels le logement, les salaires, l'emploi, la sécurité ou l'exclusion politique. En France, comme dans de nombreux pays, on observe un intérêt grandissant pour cette forme d'organisation de la société civile. Cet attrait se traduit notamment par une grande diversité de démarches se référant plus ou moins directement au community organizing. Cet article propose un panorama et une grille de lecture de ces différentes pratiques. Il revient sur la généalogie, les différents modèles et les enjeux de la diffusion de cette approche visant l'émancipation des classes populaires.
Julien Talpin, « L’actualité de la question noire aux États-Unis. Du community organizing à Black Lives Matter », Esprit, 2019, n°2017-02
Julien Talpin, « Une répression à bas-bruit. Comment les élus étouffent les mobilisations dans les quartiers populaires », 7de65c60-bfd3-423b-85a7-348fba228279, 2019, n°2016-02-22
Julien Talpin, « Légitimer les inégalités. De la démocratie participative en Amérique », Participations, 2019, n°2016
Julien Talpin, « Le jour où toi et moi on sera vraiment égaux, j’irai voter », 2016
Comment les normes discursives qui structurent les interactions dans l’espace public façonnent-elles les capacités d’agir et de mobilisation de certains groupes sociaux ? La sociologie de l’action collective a souligné le rôle des processus de cadrage dans l’émergence des dynamiques protestataires et le succès des mobilisations (Snow et al., 1986). Les cadres font l’objet de luttes entre des entrepreneurs de cause, des institutions, des tenants d’une autre définition de la réalité, dont l’iss...
Julien Talpin, « La vertu démocratique des contre-pouvoirs. L’expérience d’une table de quartier à Roubaix », 2016, pp. 78-85
L’expérience de cette «table de quartier» constitue une des formes de démocratie participative les plus avancées. L’engagement naît ici de l’inquiétude des habitants face à un projet de rénovation qui s’impose à eux. La colère est prise en charge par la table de quartier, qui va obtenir des victoires substantielles. Cette forme d''organisation et d''action s’apparente alors à un contre-pouvoir local, permettant de renforcer le pouvoir des habitants sur leur destinée.