Présentation de l’éditeur
La Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies au Palais de Chaillot à Paris le 10 décembre 1948. Que dire aujourd'hui de son contenu, de son héritage et de son actualité ? Alors que les anniversaires successifs ont été l'occasion de célébrer les avancées normatives et institutionnelles réalisées sur le fondement de ce texte, la décennie 2020 s'est ouverte sur la pandémie de COVID et une régression généralisée en matière de respect du droit international et des droits de l'homme, régression notamment symbolisée par des crimes de masse commis dans plusieurs régions du monde et par le retour de la guerre sur le continent européen. Le Conseil de l'Europe avait d'ailleurs décidé de convoquer en 2023 un rare Sommet de ses chefs d'Etat et de gouvernement pour renouveler « la conscience de l'Europe ». Parallèlement, l'ONU dressait un difficile bilan de mi-parcours des 17 Objectifs de Développement Durable adoptés en 2015, ainsi que de la mise en œuvre de l'Agenda 2030, tout en préparant le «Sommet de l'avenir» de 2024.
Cette volonté affirmée de relancer le multilatéralisme fondé sur le droit et de garantir la sécurité et le bien-être de l'humanité se heurte pourtant à la violation quotidienne de nombre de droits solennellement énoncés en 1948, et ce, tant par des dictatures que par des démocraties bien établies, sans oublier un nombre croissant de régimes populistes ou illibéraux, ainsi que divers acteurs non étatiques, tels que multinationales ou groupes armés. Un retour aux sources semble alors s'imposer : face aux grands enjeux internationaux actuels et à venir, il convient de rappeler certaines valeurs universelles. La première voie passe sans doute par une lecture combinée de la DUDH et de la Charte des Nations Unies, mais aussi de la Déclaration de Philadelphie de 1944 relative à l'Organisation internationale du travail, pour rappeler que la paix et le développement économique et social supposent le respect effectif des droits de l'homme. La deuxième approche réside dans le lien à faire entre la DUDH, le droit issu des «principes de Nuremberg» de 1946 et la Convention contre le génocide de 1948 : l'enclenchement d'une justice pénale, nationale ou internationale, doit toujours être facilitée afin d'éviter la répétition des violations massives des droits de l'homme et contribuer ainsi au maintien de la paix et de la sécurité internationales. À côté de la Charte de San Francisco, de la Déclaration de Philadelphie et du droit international pénal né lors du procès de Nuremberg, la DUDH est un des piliers de l'ordre international rêvé au sortir de la 2ème Guerre mondiale. Selon son préambule, elle reflète en effet «l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations» et doit servir de guide à «tous les individus et tous les organes de la société».
Quelles sont aujourd'hui les implications de cet idéal commun et comment les opposer aux Etats et autres acteurs impliqués dans la rupture de la paix, la commission de crimes internationaux, l'accroissement des inégalités et de la pauvreté ou encore les nombreuses atteintes à l'Etat de droit ? Issu d'un colloque organisé à l'Université Paris Nanterre à l'occasion du 75ème anniversaire de la DUDH et réunissant universitaires et praticiens, le présent ouvrage vise précisément à étudier comment ce texte conserve un rôle central pour penser et construire l'ordre international et social contemporain autour d'un «nouveau contrat social» ancré dans les droits de l'homme.
Actes du colloque organisé les 20 et 21 décembre 2023 à l'Université Paris-Nanterre